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Mercredi 9 Novembre 2011:

Grâce à Sarkozy, l'austérité ne passe pas par eux

Les Bettencourt échappent à la « rigueur » imposée par le gouvernement. Les chèques au titre du « bouclier fiscal » vont continuer.

C'était en 1981. La gauche venait d'arriver au pouvoir. À l'Élysée, l'un des très anciens amis de François Mitterrand lui rend visite, la main sur le portefeuille. Avec les socialistes et les communistes, la nouvelle majorité envisage d'adopter le principe de l'impôt sur les grandes fortunes, l'ancêtre de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Et André Bettencourt – puisqu'il s'agit de lui – est en colère. « cet impôt était quand même une catastrophe, et nous sommes suffisamment bien ensemble pour que j'aille lui expliquer, chiffres en main, la réalité, racontera-t-il à des journalistes. C'était tellement important pour moi. » D'après la légende, le président de la République lui aurait rétorqué : « J'en parlerai mais, mais franchement, Liliane et toi, vous avez quand même de quoi manger. »

Trente ans plus tard, alors qu'après le décès d'André, Liliane menace de quitter le pays, Nicolas Sarkozy protège mordicus le Richistan, même en pleine tempête des plans d'austérité. Lundi, en présentant ses nouvelles mesures de saignée, François Fillon n'a pas touché l'abattement décidé au printemps sur l'ISF. Les contribuables assujettis à cet impôt vont dès 2011 bénéficier d'un taux d'imposition divisé par trois, alors que les mêmes toucheront, au titre du bouclier fiscal, des « remboursements » versés par l'État jusqu'en 2012. En pratique, d'après un calcul réalisé par le Canard enchaîné, il y a quelques mois, Liliane Bettencourt ne versera, pour l'ISF et l'impôt sur le revenu, que 10 millions d'euros en 2011 et en 2012 (contre 40 millions en 2010), pour des revenus émanant des dividendes versés par L'Oréal, évalués à 250 millions d'euros par an. Un tour de passe-passe qui montre bien la solidarité du gouvernement : pour les milliardaires, les impôts sont divisés par quatre et le taux d'imposition de Liliane Bettencourt plafonne à 4% de ses revenus, soit le même taux qu'un salarié touchant 1300 euros par mois. À ce train-là, l'héritière de L'Oréal ne risque pas de connaître la faim.

Thomas Lemahieu

(source l'Humanité)

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