> Presse  La débâcle économique de M. Fillon

 

Lundi 7 Novembre 2011:

 

Éditorial

La débâcle économique de M. Fillon

Par Patrick Apel-Muller

Il se rêve Churchill ; il n'est que Gamelin, le général de la ligne Maginot et de la débâcle. En promettant au pays « l'un des budgets les plus rigoureux depuis 1945 », en évoquant l'image de la France humiliée et pillée, François Fillon s'accuse lui-même d'une dramatique régression. On comprend que les élus de droite savoyards auprès desquels il s'est épanché samedi lui aient fait cadeau d'une... cloche.

Une fois éteints les flonflons du G20 et dispersées les diatribes contre la finance, rien n'a changé pour les plus fortunés mais tout devrait empirer pour les autres. La droite campe sur sa défense des marchés financiers, quitte à laisser le pays submergé par le chômage, inondé par la pauvreté ou dévasté par les désindustrialisations spéculatives. Le président de la République s'est agité pour empêcher les Grecs de voter. Pour le reste, il fait sienne la formule que dénonçait le poète Baudelaire : « Je hais le mouvement qui bouscule les lignes. » Le budget que doit présenter aujourd'hui son premier ministre entend donc pressurer toujours plus les milieux populaires. L'injustice en est la loi. Premier exemple, la TVA qui frappera au même niveau le riche – pour qui elle sera goutte d'eau – et les pauvres qu'elle contraindra à des sacrifices sur leur consommation. Deuxième mesure avancée – résistera-t-elle au tollé syndical ? -, L'instauration d'une journée de travail obligatoire et non payée au profit du patronat et au détriment des salariés. Les troisième et quatrième axes font figure de rengaine, puisqu'il s'agit une nouvelle fois de réduire les dépenses sociales que dans les beaux quartiers on juge néfastes et inefficaces et de démanteler les services de la fonction publics, qui ont servi jusqu'alors de remparts face aux coups portés par la crise économique. Une saignée après l'autre qui épuise le pays et tous ses voisins européens.

Nicolas Sarkozy a beau passer deux fois en deux semaines sur toutes les grandes chaînes de télévision, il ne convainc pas que moins égal plus. Notre sondage Ifop le confirme : en dépit d'une propagande intensive, une nette majorité des Français refuse que le pays se couche devant les injonctions des agences de notation, véritables porte-voix des marchés financiers. Ils refusent que les élus soient dessaisis de leur pouvoir de décision. Ce sentiment est massif à gauche (62 %) et certains responsables socialistes qui ne font que grimer l'austérité d'un peu de rose aux joues feraient bien d'y réfléchir. La faiblesse du président candidat – pas encore avoué – est de n'avoir à proposer que l'austérité à perpétuité. Mais il peut encore tirer son épingle du jeu si l'opposition accepte l'impératif qu'il lui dicte. Le Front de gauche a entrepris un débat à l'échelle nationale pour dessiner une politique alternative à laquelle les citoyens puissent apporter leur contribution. Sans ce nouveau cap, on voit bien de quoi demain sera fait et quelles aventures pourront s'en nourrir. Il devient d'un intérêt national et de salut public que chacun s'intéresse à nouveau à la politique.

(source l'Humanité)

  haut de page