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Jeudi 2 Novembre 2011:
Les « alters » se soulèvent contre le cénacle cannois
À Nice, les altermondialiste ont ouvert leur contre-sommet par un grand défilé, festif et combatif, qui a réuni près de 10 000 personnes dans des rues sous haute surveillance, avant une soirée musicale dans les anciens abattoirs de la ville.
Nice (Alpes-Maritimes), envoyé spécial. Dix mille manifestants attendus par le collectif contre le G20 de Cannes : on n'était pas loin du compte lorsque s'ébranlait hier, au milieu d'un après-midi ensoleillé, le carré de tête de la manif formé des représentants d'une quarantaine d'organisations et partis (Pierre Laurent pour le PCF), scandant « les peuples d'abord, pas la finance ». La barre symbolique aurait pu être franchie si les altermondialistes italiens, après les sérieux incidents du 15 octobre à Rome, n'avaient pour la plupart suspendu leurs activités. De plus, comme nous l'expliquait Franco, venu de Turin en voiture avec un groupe de Sinistra Critica (extrême gauche), « nous avons été contrôlés à la frontière par les Français et certains ont été photographiés par la police italienne ». Cependant la manifestation n'en a pas moins gardé son caractère international. Avec la présence remarquée de militants égyptiens, tunisiens, espagnols ou encore coréens et américains. Mais aussi avec celle de sans-papiers soutenus, en prélude au défilé, par un cercle de silence géant à peine troublé par un hélicoptère de la police tournant en rond dans un ciel voilé. En bas, 2500 autres surveillants en tenue de Robocop barricadaient des rues annexes au parcours devenues zones mortes. La foule pacifique et joyeuse d'un défilé coloré La vie, on la trouvait parmi les milliers de manifestants qui ont parcouru les quartiers Est de Nice en un défilé qui tenait à la fois du carnaval, pas dépaysant malgré les battucadas et les porteurs de masques de Poutine ou Merkel, du happening artistique avec ses banderoles géantes peintes à la main déclarant en toutes langues que « le G20 ne nous représente pas », ou encore de la démonstration revendicative à l'instar des gros bataillons d'Attac et du CCFD-Terre solidaire demandant à ce que l'on « aide l'argent à quitter les paradis fiscaux ». Forte présence également des associations humanitaires Action contre la faim, avec la photo choc d'un enfant africain famélique clamant « G20, j'ai faim ». Suivie des chiffonniers d'Emmaüs rappelant avec le slogan « Un homme, un toit » que l'appel de l'Abbé Pierre pour les mal-logés de 1954 est toujours d'actualité. Enfin, une centaine de militants d'Oxfam, venus d'Espagne, de Belgique, du Mexique, de Grande-Bretagne, ont défilé habillés en Robins des bois, avec arc et flèches, pour réclamer une taxe « Robin » de 0,05 % sur les transactions financières afin de financer des centres de santé dans le monde. « On est contents que nos idées de taxation des transactions financières soient reprises par une grande partie des responsables politiques européens, mais ça reste à l'état de discours », a déclaré à l'AFP Aurélie Trouvé, coprésidente d'Attac France. « Take the square, toma la calle, prends la rue ! » Inscrit à la craie sur le bitume niçois, ce mot d'ordre improvisé a été suivi pendant plus de trois heures par la foule pacifique et joyeuse d'un défilé coloré jusqu'à sa queue formée par les syndicats FSU, Solidaires et CGT, et par les partis politiques de gauche, essentiellement PCF et NPA. Tous prétendant à juste titre représenter la diversité d'un peuple en marche « et qui se lève contre la finance », ainsi que le clamait un VIP, un « very important paysan » de la Confédération paysanne. Un peuple qui s'est érigé à 99 % contre les 20 de Cannes. Et à 18 heures, sans incident notable, les premiers manifestants envahissaient les anciens abattoirs municipaux de Nice pour une soirée en musique, prolongement festif de cette journée, à cette heure sans fausse note. Philippe Jérôme (source l'Humanité)
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