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Vendredi 28 Octobre 2011:

 

L'enfer des « Borloo »

Habitat. Ils ne peuvent toujours pas vivre dans leur maison achetée depuis deux ans. Certains n'ont même pas de murs. Pour des propriétaires, la situation devient critique.

« Un fiasco total », commence Vincent Leveillard.

« On y pense tout le temps. On vit mal. On a peur de l'avenir », ajoute Ilias Chami. « L'avenir ? De quel avenir vous parlez ? Des fois, j'ai envie de me foutre en l'air » lance, quant à lui, Sébastien Bohic. Tous sont propriétaires de maisons dites « Borloo » dans la rue Mont-le-Comte, à Caucriauville.

Les fameuses maisons à 100 000 euros, on en a beaucoup parlé avec les malfaçons constatées rue Robespierre. Ceux de Mont-le-Comte auraient presque aimé avoir ces problèmes. Parce que ces quatorze propriétaires-là n'ont, au mieux, que quatre murs et un toit. Pour les autres, une simple dalle de béton. Des maisons inhabitables qui auraient dû être livrées fin de 2009. En attendant, ils paient un loyer, des impôts fonciers et pour certains, l'emprunt du pavillon qu'ils n'ont pas.

Optimiste, le promoteur Les Nouveaux Ateliers Urbains (LNAU) avait demandé aux propriétaires, à l'été 2010, de donner le préavis de leur location. Élodie Héranval et sa famille l'ont fait. Résultat, ils ont dû être hébergés dans leur famille durant plusieurs mois avant de retrouver une location provisoire. « On évite de passer devant le terrain pour ne pas avoir à expliquer aux enfants pourquoi ils n'ont toujours pas leur maison », explique Élodie Héranval. En revanche, elle a négocié le paiement, par LNAU, de ses intérêts intercalaires de prêts. Ilias Chami, lui, a été obligé de renoncer à une offre d'emploi alléchante dans une autre région. « On a fait confiance et donné notre préavis. On a déjà payé 56 000 € sur les 134 000 de la maison. Financièrement, on ne s'en sort pas. Ça crée des tensions dans le couple. On est sur les nerfs tout le temps. Deux ans de vie gâchés. Cette maison j'en veux plus », lâche-t-il excédé.

Cette situation devient intenable pour les propriétaires. Sébastien Bohic vit un cauchemar. « Nous nous sommes retrouvés sans logement. Ma compagne, enceinte, n'a pas supporté le stress et a accouché prématurément. Notre bébé n'a pas survécu... » explique le jeune homme en total désarroi.

Leur faute. Mais à qui ? Contacté, le promoteur nous a répondu par courrier. « Des études sont menées avec la Ville du Havre pour terminer l'opération. Malheureusement, pour diverses raisons, nous avons dû traiter le marché de travaux avec une société française, Compagnie des Maisons Bois (CMB), qui a sous-traité à une entreprise lettone. Plusieurs actions ont été engagées contre les dirigeants de CMB. Dans cette affaire, nous sommes victimes et assumons du mieux que nous pouvons toutes nos responsabilités, et particulièrement financières, afin que nos clients acquéreurs aient enfin leurs maisons »,iindique ainsi Michel Vitry, directeur de LNAU. Une solution doit être trouvée très rapidement.

Marie-Ange Maraine

(source Havre Libre)

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