> Presse —Divisions |
Jeudi 27 Octobre 2011:
Éditorial Divisions Par Michel Guilloux La crise s'aiguise en Europe ? Que faire ? Mais ce que l'on sait faire depuis que l'on gouverne : diviser encore et toujours. Sortant de son rôle de titulaire du maroquin de l'enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, leader de « la Droite sociale », a eu hier une idée géniale, de ce point de vue. Il n'y a pas assez de logements sociaux en France ? La Fondation Abbé-Pierre estime à 3,8 millions le nombre de personnes mal logées ? Après avoir imaginé la mise en vente des HLM, véritable machine à exclure et à se tailler un nouvel électorat sur mesure, de ce côté-là de la droite on propose de « réserver une partie des logements sociaux à ceux qui travaillent ». Comme le note le PCF hier, dans un communiqué, « ce genre de procédé en dit long sur la nature profonde des individus qui nous gouvernent et qui, pour se promouvoir, sont prêts à transformer la société en un vaste champ de bataille ». Mais que font le gouvernement et le président élus sur la défense de la « valeur travail » ? Comme ils laissent des agences de notation telle Fitch, dont les dirigeants sont par ailleurs actionnaires de Renault, ou Moody's, s'immisçant dans la campagne électorale, leur fournit l'alibi de leur propre soumission aux intérêts financiers, ils laissent délibérément notre industrie s'affaiblir. Peugeot annonce-t-il une progression de son chiffre d'affaires grâce aux seules activités bancaires du groupe, annonce-t-il des suppressions d'emplois en Europe pour garantir leur rente à ses actionnaires ? Le ministre de l'Industrie se dit rassuré. La menace de fermeture de sites en France ne sera envisagée qu'après l'échéance présidentielle. Et ce n'est là qu'un exemple parmi bien d'autres de la mise en coupe réglée de notre appareil productif au profit des intérêts des groupes du CAC 40 ou des fonds de pension, les raffineries de l'étang de Berre aux aciéries de Lorraine en passant par les usines du Centre. Le sommet européen qui s'est ouvert hier soir a été précédé de vraies divergences. Il est vrai qu'Angela Merkel n'a pas déchéance électorale à affronter l'an prochain et que son prédécesseur social-démocrate avait largement déblayé le terrain, côté super-austérité, et casse des droits sociaux... Ses décisions ont été préparées par un véritable tir d'artillerie médiatique, dramatisant son issue pour rendre encore plus implacables les traductions de ses décisions au sein de chaque peuple européen d'une fuite en avant qui va les saigner à blanc. Cette voie est une impasse. Pourtant, le marbre se fissure, celui dans lequel a été gravé le traité de Lisbonne, ce coup de force antidémocratique du chef de l'État après l'écrasant rejet du traité constitutionnel de 2005. On découvre qu'il est possible de réduire les dettes des États d'un trait de plume. On voit même, du côté d'un président français sous pression, qu'il serait possible d'atteindre à la sacro-sainte dépendance de la BCE aux marchés financiers en trouvant un mécanisme permettant aux États d'emprunter au même taux d'intérêt modeste que les banques qui se nourrissent des mêmes dettes, enflées des subsides publiques après le résultat désastreux de leurs appétits spéculatifs. Voilà qui donne du grain à moudre à ceux qui entendent approfondir ce débat et, pour en finir vraiment avec ce pouvoir et sa logique politique, promouvoir de vraies alternatives au plan européen comme national en faveur de l'emploi, de l'investissement et de la croissance industrielle. Là réside la condition pour que l'abattement, la résignation et la division ne gagnent du terrain. (source l'Humanité)
|