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Jeudi 20 Octobre 2011:
Moody's s'immisce dans le débat Sarkozy et son équipe veulent faire de l'austérité une vitrine, en vue de l'élection présidentielle de 2012. C'est au tour de l'agence de notation américaine d'entrer en campagne. C'est un timing parfait. S'il restait un doute sur la relation étroite entre les agences de notation et le pouvoir, le débat budgétaire qui s'est ouvert hier à l'Assemblée nationale en a fait la démonstration. Un duo réglé au millimètre près entre le gouvernement français et Moody's. Dans la nuit de lundi à mardi, l'agence de notation Moody's plaçait la France sous surveillance, en se donnant trois mois pour déterminer si sa perspective « stable »- le fameux triple A – était toujours justifiée au vu de l'évolution de la situation économique. François Fillon, quelques heures auparavant, préparait les esprits à de « nouvelles mesures », si la France n'atteignait pas une « croissance minimale de 1,5 % ». Le budget 2012 étant construit sur une prévision de 1,75 % de croissance. Le calendrier choisi par Moody's « ne peut pas être innocent », a suspecté Yann Wehrling, porte-parole du Modem. D'autant que, la semaine dernière, Moody's avait encore confirmé la solidarité de la note française après l'annonce du plan de restructuration de la banque Dexia. Une menace calculée deux jours après le résultat des primaires socialistes, alors que les interrogations sur la panne d'activité française avaient été soulevées par les économistes, la Commission européenne ou le FMI. Cet été, le gouvernement avait d'ailleurs révisé sa prévision à 1,5 %, jugée toujours optimiste par les experts. En bon père la rigueur, le premier ministre a également affirmé qu'avec le coup de sabre de 12 milliards d'euros annoncé fin août, le gouvernement a « toujours été au rendez-vous lorsqu'il a fallu réajuster le budget en fonction des prévisions de croissance ». La patronne du Medef est venue, hier matin, en renfort : « On a tout à fait les moyens de conserver la meilleure note. Le chemin pour le faire est connu, il faut le prendre. » Ajoutant qu'un retour à la retraite à 60 ans serait « préjudiciable ». Au garde-à-vous devant la bourse Mise à mal dans l'opinion, la droite cherche à s'afficher bonne gestionnaire, tout en emprisonnant la gauche dans le débat sur la dette. À ce titre, François Fillon a exhorté les députés UMP à la discipline sur le projet de budget pour 2012, soulignant que la majorité était « attendue sur la cohérence, en particulier sur le symbole fort des hauts revenus ». Sifflant ainsi la fin de partie de toute tentative d'élargir la taxe sur les hauts revenus financiers. « Il ne peut pas y avoir de surprise, il ne peut pas y avoir de coup politique », sauf à « mettre en cause l'autorité du premier ministre, du gouvernement et de la majorité », a mis en garde le premier ministre. À gauche, le président PS de la commission des Finances, Jérôme Cahuzac, et le député socialiste Pierre Alain Muet ont brocardé un budget répondant à une logique « d'austérité massive et aveugle ». « Il y a des mesures à prendre, le gouvernement n'a pas pris les bonnes, il est encore temps qu'il puisse corriger ; s'il ne le fait pas, nous le ferons ! » a lancé François Hollande. Avec ses proches, il a déjà annoncé que son action, s'il emporte la présidence, sera dictée par la nécessité de préserver la confiance des marchés financiers. Reste à savoir si le garde-à-vous devant la Bourse fait partie du fameux « rêve français ». Clotilde Mathieu (source l'Humanité)
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