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Samedi 15 Octobre 2011:
La gauche réclame plus de gauche Un train peut en cacher un autre et une élection, réussie, la primaire socialiste, peut masquer, le temps d'un week-end, les soubresauts d'une crise financière qui s'approfondit au fur et à mesure que les politiques d'austérité s'aggravent. Des politiques mises en oeuvre aussi bien par la droite que par des gouvernements sociaux-démocrates comme en Grèce ou en Espagne. Peut-être se trouve là l'explication quant à l'absence de la question européenne dans les débats entre prétendants à la primaire PS. Pourtant cette question de l'Europe, son but, sa construction, ne peut être évacuée du débat politique. D'ailleurs vendredi 7 octobre, Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, et Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, ont condamné la complicité des dirigeants européens face aux manoeuvres des marchés et proposé des alternatives crédibles en phase avec les aspirations de tous les indignés du monde pour gouverner autrement et à gauche dès 2012. Des propositions sur lesquelles le ou la futur(e) candidat(e) PS devra débattre car le premier tour de la primaire montre indéniablement l'envie d'en finir avec Sarkozy et un besoin de gauche. Le même qui à une autre échelle a fait chuter Nicolas Hulot lors de la primaire d'EELV. Deux millions et demi de participants, une réussite. Le premier tour qui place François Hollande en tête, talonné par Aubry, un duo de tête pour un duel à risques au second tour. Le faible écart entre les deux tient à des discours programmatiques très proches et très libéraux-réalistes. Le succès d'Arnaud Montebourg prouve l'aspiration à gauche d'une partie de l'électorat socialiste, sans doute inquiet de la crise économique et financière qui frappe la France et l'Europe. Et cela change le sens du second tour avec, pour les deux prétendants, la nécessité d'entendre ce message et donc de sortir du pseudo-réalisme pour avancer des réelles propositions qui changent la vie des gens. D'autant qu'il existe des solutions de gauche pour sortir de la crise. Depuis 2005, les Français se font voler leur vote au nom de la sacro-sainte loi des marchés. Les équipes de politiques qui se sont succédé semblent impuissantes (ou complaisantes ?) à contrer les manoeuvres de la spéculation financière avec, pour conséquence, la mise en place de politiques d'austérité. À rebours de tous ces fatalismes, le Front de gauche dit : « Chiche, nous, on peut ! » On peut redonner espoir à des millions de citoyens, on peut reprendre le pouvoir sur le secteur financier, on peut augmenter le SMIC, on peut changer de République, on peut changer la vie. Plus vite les socialistes auront désigné leur candidat et plus vite le débat sur le fond aura lieu, un débat comparatif et constructif qui permettra aux électeurs de gauche de choisir en toute connaissance. Et sans attendre 2012, la gauche peut déjà faire la démonstration de sa volonté à contrer l'austérité. Jamais dans l'histoire politique de la Ve République un président en exercice n'a perdu tous les scrutins intermédiaires ni, a fortiori, le Sénat, jugé imprenable. Beaucoup en rêvaient, Nicolas Sarkozy l'a fait. Situation inédite qui fait de Jean-Pierre Bel (PS) à la fois le président de la Chambre haute et le deuxième personnage de l'État. Cette gauche majoritaire (PS, PCF, EE-LV), Nicole Borvo Cohen-Seat, présidente du groupe communiste et républicain, la veut réactive pour bloquer et ralentir tous les projets de loi libéraux de Nicolas Sarkozy, notamment le projet de loi de finances 2012. Mais l'élue communiste de Paris la veut aussi force de propositions et promotrice de projets de loi. Les parlementaires communistes étaient réunis à Ivry, le lundi 10 octobre, pour élaborer les stratégies de réindustrialisation de la France et la mise en place d'une fiscalité plus juste, au service de la solidarité et de la croissance. Jean-Pierre Champiat (source L'Humanité Dimanche)
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