> Presse —Leur sept bonnes raisons de se mobiliser Mardi 11 Octobre |
Lundi 10 Octobre 2011:
Le 11 octobre, parce que l'austérité n'attend pas 2012... Leur sept bonnes raisons de se mobiliser mardi. (1) «15 ans de boîte, 1500 euros brut : dur. » Des quartiers Nord de Marseille ne veulent pas faillir à leur réputation. « Le 11 octobre, ce sera fort ! » promet Zoher Messaoudi, responsable de l'union locale CGT. « Il y a déjà une dizaine d'entreprises de mon secteur qui ont lancé des appels à la grève : Lafarge, EDF, RTM, PMA Protec Métaux d'Arenc, etc. » Les fins de mois difficiles, ici, on connaît. « Après 15 ans de boîte, je gagne 1500 euros brut. Avec un seul salaire et quatre enfants à charge, c'est dur », explique Zoher Messaoudi. À ceux qui lui disent : « Je n'ai pas les moyens de perdre un jour de salaire », il sait quoi répondre : « Il faut bien accepter de faire un sacrifice pour espérer obtenir un résultat ! » (2) « Cette dette, ce n'est pas la nôtre : refusons de la payer ! » À Renault Flins, Ali Kaya, délégué CGT, craint que la mobilisation n'atteigne pas encore le niveau atteint lors des luttes contre la réforme des retraites. Son argument choc pour secouer les indécis ? « Il faut absolument qu'on se défende parce qu'on a en face de nous des gens qui sont prêts à nous faire les poches pour nous faire payer la dette qu'ils ont contractée ! C'est ça, le fond de l'affaire. Cette dette "publique", ce sont les riches et les banquiers qui en ont profité. Pour les salariés, ni les fonctionnaires, ni les chômeurs. Cette dette n'est pas la nôtre, ce n'est pas à nous de la payer. Quand on prend le temps d'en discuter comme ça avec les salariés, ça devient clair. » (3) « Parce qu'il faut agir plutôt que gémir ! » Dans un groupe paternaliste comme Auchan, ce n'est pas une mince affaire de mobiliser les salariés ! La CFDT a décidé pourtant d'appeler à manifester et sans doute à débrayer. « S'il n'y a pas une réaction massive et populaire face à l'austérité qu'on nous inflige, ce sera bien pire demain, commente Guy Laplatine, délégué syndical central. On sent bien des inquiétudes planer. Mais beaucoup encore regardent la crise comme un scénario qui se déroule. Ça se produit, mais on continue à travailler, à consommer, on a encore des trains, de l'essence... Cette expectative est effrayante ! » Pour la CFDT d'Auchan, le slogan du 11 sera sans doute « Agir plutôt que gémir » ! (4) « Face à la casse de l'emploi, c'est de la légitime défense ! » Pour Bruno Lemerle, secrétaire du syndicat CGT de PSA Sochaux, c'est simple : on est « en état de légitime défense ». Le 11, le syndicat appelle à manifester, avec arrêts de travail. « Nous devons réagir à ce que nous impose le gouvernement : la hausse de la CSG, de la taxe sur les mutuelles et maintenant la baisse des indemnités journalières en cas de maladie. Mais aussi à la casse de l'emploi chez PSA ! » Les renvois d'intérimaires et de prestataires sont en cours, mais le groupe vise pour l'avenir une baisse d'effectifs de 10 %, soit 10 000 postes en moins. « L'usine d'Aulnay-sous-Bois est menacée de fermeture, poursuit Bruno Lemerle. On ne va pas laisser faire ça ! » (5) « On a tous besoin de services publics » Pour les fonctionnaires, l'austérité s'ajoute à la RGPP : 150 000 postes supprimés sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy ; le point d'indice, base de référence des traitements, gelé en 2012 comme en 2011. Les hôpitaux publics sont exsangues et sommés de faire encore 195 millions d'économies en 2012. Dans la fonction publique territoriale, « la situation est très tendue », explique Baptiste Talbot, secrétaire de la fédération CGT des services publics qui, comme celle de la fonction publique d'État, appelle à la grève le 11 octobre, « alors que certains agents, comme les travailleurs sociaux, sont en première ligne pour gérer la crise ». Pourtant, sur le milliard d'euros que le gouvernement veut encore rogner sur les dépenses de l'État, une partie pourrait être prise sur la dotation aux collectivités territoriales, d'ores et déjà gelée. « Si les agents et les usagers ne se mobilisent pas maintenant, on va en prendre encore plein la figure ! » conclut Baptiste Talbot. (6) « Parce qu'on a des choses à dire quand on est chômeur » 414 8200 demandeurs d'emploi inscrits à pôle emploi (avec ou sans petit boulot). Moins d'un chômeur sur deux indemnisé. Pour Jean-François Kiefer (CGT chômeurs), pas de doute, tous doivent se montrer le 11 octobre : « L'une des revendications de cette journée, c'est "un autre partage des richesses". On est directement concernés. L'enquête sur les budgets de vie que nous avons lancée montre que, lorsqu'on est au chômage, les dépenses dépassent les ressources ! Il faut se battre pour une hausse des allocations, pour vivre dignement. Mais aussi avec les salariés, pour la hausse des salaires. Ce qui permettra de relancer la croissance et de créer des emplois. Et sera donc bénéfique aux privés d'emploi. »
(7) « Parce qu'il faut unir nos luttes pour être plus forts ! » Pour Jacques Lacaille, de la CGT chimie (Rhône), c'est bien clair : « Il ne faut pas avoir d'illusions sur les échéances électorales, on n'a pas d'autre solution que les luttes collectives. Ceux qui pensent s'en sortir en se repliant sur eux-mêmes se trompent. Comme ceux qui pensent qu'il faudrait s'unir face à la crise. Car certains encaissent ! Un groupe comme Rhodia, qui fait des bénéfices et distribue des dividendes, n'a pas payé d'impôts en 2009, 2010, 2011. Et reçoit parallèlement des millions d'euros d'aides publiques. » Bien sûr, il y a eu un coup de mou après la bataille des retraites, qui n'a pas été gagnée. « Il faut redonner la pêche, ça va revenir, le 11 octobre n'est qu'une étape », poursuit Jacques Lacaille. Ce jour-là, des syndicalistes italiens de la CGIL et espagnols des Commissions ouvrières seront dans la manif de Lyon. « Partout en Europe, les salariés subissent les mêmes attaques, il faut réunir nos luttes. » Dominique Sicot (source L'Humanité Dimanche)
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