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Jeudi 6 Octobre 2011:
Éditorial D'Athènes à Angoulême... Par Michel Guilloux Le sort du peuple grec devient chaque jour plus insupportable. Abandon total de souveraineté, dictature conjointe des marchés financiers, du FMI, de l'Union européenne, salaires réduits de 40 % pour des dizaines de milliers de fonctionnaires, services et entreprises publics menacés de destruction ou livrés aux appétits privés : c'est un pays que l'on dépèce, et un peuple que l'on étrangle. « Comme si nous étions devenus des animaux de laboratoires », lâche dans ces colonnes le syndicaliste Dimitris Tsoukalas qui, à bon droit, alerte sur la dimension de banc d'essai européen que sa nation doit subir. Pacte des rapaces Sarkozy-Merkel, soumission des budgets nationaux à l'imprimatur de la Commission européenne, la mécanique est en route. C'est donc peu dire que la solidarité avec le peuple grec, la nécessaire riposte au niveau de l'Europe tout entière à laquelle travaillent nombre de syndicats et la CES elle-même sont de l'ordre de la nécessité pour tous. Il devient chaque jour de manière tout aussi impérieuse qu'au printemps prochain saute le verrou d'un pouvoir tout acquis à la seule satisfaction égoïste des intérêts financiers, donc que l'actuel hôte de l'Élysée soit battu. C'est la condition première, même si l'on sait qu'elle ne suffira pas à elle seule, pour qu'un espoir de changement s'ancre de nouveaux. La politique menée par cette droite ultralibérale enfonce la France jusqu'à un point de rupture qui menace ses capacités de développement. La régression sociale tous azimuts mène désormais au recul de civilisation. L'exemple de la banque Dexia est éclairant sur les mécanismes réels des choix à l'oeuvre et de leurs ravages. Il est accablant pour celui qui se targuait il n'y a pas si longtemps, en 2008, de vouloir « moraliser le capitalisme ». Trois milliards d'euros pour renflouer un établissement qui a prospéré sur la spéculation la plus éhontée et pour « découvrir » que ces emprunts « toxiques » s'élevaient à 200 milliards. Trois ans plus tard, il en resterait la moitié. La « banque des collectivités locales » et qui en étrangle plusieurs milliers serait ainsi au bord du dépeçage. Ces cent milliards qui menacent ses comptes seraient mis de côté dans une structure garantie par l'État, donc épongés par l'impôt. Cent milliards, c'est la bagatelle de plus de 750 000 logements sociaux qui ne sortiront jamais de terre. Mais durant ces trois années, il ne s'est pas passé un mois sans que la banque à la tête de laquelle figure un homme de confiance du président de la République ne fasse parler d'elle. Des milliers d'Américains lui doivent d'être à la rue comme certaines de leurs municipalités en dépôt de bilan, puisqu'elle a joué avec les fameuses «subprimes ». D'Athènes à Angoulême, l'étranglement d'un pays comme de communes et de départements est lié au placement de sommes colossales de ses emprunts dans les mains de banques d'affaires américaines telle Goldman Sachs, à l'origine de la crise de 2008. « Les États belge et français répondront présents comme en 2008 », déclare sans état d'âme le ministre des Finances. Alors que la Caisse des dépôts, la « banque de l'État », et la Banque postale seraient appelées à la rescousse, il est temps de stopper ce jeu de casino. Rarement la revendication la création d'un pôle public bancaire, portée par le PCF au sein du Front de gauche, n'aura fait autant preuve de sa pertinence et éclairé deux choix de société parfaitement antagoniques. (source l'Humanité)
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