> Presse —Répression syndicale à l'université d'Angers |
Mercredi 5 Octobre 2011:
Répression syndicale à l'université d'Angers ? Accusée par la direction de « triche », une étudiante de l'Unef est interdit de fac et ne touche plus de bourse. Depuis trois mois, Sonia Nour, étudiante en troisième année de psychologie, est aux prises avec la direction de l'université d'Angers qui la soupçonnent d'avoir « triché » lors d'un examen. La jeune femme, qui voit sa scolarité mise en péril, nie les faits et évoque une « répression syndicale scandaleuse ». Il faut dire que Sonia n'est pas n'importe qui dans l'établissement. Membre du bureau national de l'Unef, elle fut de toutes les luttes étudiantes de ces dernières années. Un engagement militant qui lui vaut de sérieuses inimitiés. « Mon directeur d'UFR m'a déjà promis que je ne finirai pas ma scolarité ici », assure-t-telle. Les faits qui lui sont reprochés remontent au 7 juin. Lors d'une épreuve de statistiques, l'étudiante aurait, selon la direction, copié sur sa voisine. Pourtant, les quatre surveillants (pour seulement 25 candidats) n'ont rien relevé d'anormal. Aucun procès-verbal ou constat de fraude n'a été dressé. Ces accusations, Sonia ne les découvre qu'un mois et demi plus tard, le 13 juillet, au détour d'un couloir : « J'ai vu votre nom en commission de discipline », lui lâche un prof. Le courrier officiel lui parviendra fin juillet, bien après la fermeture estivale de l'université. Ulcérée, la jeune femme prend un avocat. La commission d'instruction se déroule le 5 septembre en présence des protagonistes. Y compris la voisine d'examen de Sonia, également visée au seul motif qu'elle était à côté d'une personne suspectée de fraude... « Tout le monde était mal à l'aise », assure Me Cao, le défenseur de Sonia. Et pour cause : aucune preuve matérielle n'est présentée. L'accusation s'appuie sur la seule « conviction » du prof qui a corrigé sa copie mais n'était même pas présent dans la salle d'examen. « Il lui reproche d'avoir fait des réponses qui n'étaient pas assez motivées, précise l'avocat. Comme si c'était une preuve de Triche ! » Sonia assure ne pas avoir eu le temps de recopier l'ensemble des calculs faits au brouillon. « Ça peut, au pire, mériter une mauvaise note, poursuit Me Cao, mais sûrement pas une commission de discipline avec toutes ses conséquences. » Car, en attendant la sentence, qui doit tomber demain après avoir été repoussée à deux reprises, Sonia ne bénéficie d'aucune présomption d'innocence. Son dossier scolaire est bloqué. Elle n'a pas accès à ses notes de partiels, n'a pu se réinscrire et n'a donc pas touché ses 463 euros de bourse – son seul revenu – en septembre et en octobre. « C'est une manoeuvre politique honteuse destinée à se débarrasser d'une syndicaliste », déplore l'Unef. Pour l'Union des étudiants communistes, dont Sonia est membre, l'affaire est exemplaire. « Avec l'autonomie des universités, explique Marion Guenot, sa présidente, les libertés syndicales ne cessent de se restreindre. Parfois, on se bat pied à pied pour diffuser un simple tract ! » Laurent Mouloud (source l'Humanité)
|