> Presse —150 euros par mois pour vivre et étudier |
Mercredi 5 Octobre 2011:
150 euros par mois pour vivre et étudier Enseignement supérieur : 70 % des jeunes travaillent et 4 % sont en grande précarité. Comme une forte majorité d'étudiants, Gaylord Vanier, 20 ans, a travaillé trois mois cet été pour une enseigne de restauration rapide. Le frêle garçon blond fait partie de ces jeunes qui galèrent pour poursuivre leurs études supérieures. Il lui reste 900 euros d'économies pour effectuer son année de droit à Rouen. Gaylord pourtant déterminé à poursuivre ses études pour devenir magistrat, vient de subir un échec et redouble sa première année. Jusque-là titulaire d'une bourse de premier échelon, soit environ 150 euros par mois, le jeune homme ne peut pas recevoir beaucoup d'aide de ses parents chez qui il vit près d'Yvetot. Seule sa maman aide-soignante travaille et sa sœur aînée cherche un emploi. Son abonnement de train pour venir à Rouen coûte 80 euros par mois, auxquels s'ajoutent les frais pour les transports en commun. « C'est vrai qu'on a du mal à joindre les deux bouts », reconnaît-il pudiquement en évoquant sa situation mais aussi celle de sa famille. Il s'apprête à réclamer « une aide au FNAU, fonds national d'aide d'urgence ». Les sommes qui peuvent être attribuées par ce fonds sont cumulables avec les bourses. Par souci de lutter contre l'injustice qui le touche lui-même, Gaylord milite à l'Unef. Il a toujours eu ça dans le sang. Il souhaiterait d'ailleurs devenir juge d'instruction. Bien décidé cette fois à réussir son année, il a le sentiment de l'avoir sacrifié à cause de son engagement syndical, mais aussi du fait de son job d'été. « C'est vrai que je suis arrivé au rattrapage trois jours après avoir arrêté de travailler, et je n'ai pas eu le temps de réviser comme il aurait fallu. » Les difficultés dans lesquelles il se trouve, Gaylord cherche à les solutionner pour lui mais aussi pour les autres. Aux permanences du syndicat étudiant, il voit défiler d'autres cas que le sien. De ces étudiants qui pour économiser un peu d'argent vont se contenter de se gaver de paim à l'heure du repas « pour se remplir l'estomac ». « Ce sont ces étudiants-là qui nous disent qu'ils se découragent et qui souvent abandonnent en cours d'année. » Yannick Lelong de l'Observatoire de la vie étudiante en Haute-Normandie le confirme : « La région comprend davantage d'enfants d'ouvriers et de populations intermédiaires, le pourcentage de boursiers y est légèrement supérieur à la moyenne, c'est donc un public particulier. » Ajoutant qu'à la rentrée « on a un volant d'étudiants qui ne parvient pas à régler les frais d'inscription et qui régularise au bout de plusieurs mois. » Pour soutenir des étudiants non boursiers mais disposant de moyens limités, la bourse zéro a été créée en 2008. Cet échelon permet aux jeunes qui y ont droit d'être exonérés des droits d'inscription. Nouveauté 2011, depuis cette rentrée a été mis en place le dixième mois de bourse « qui est un véritable encouragement, car cela va quand même améliorer un peu nos conditions de vie », estime Gaylord. Ce mois supplémentaire était attendu depuis très longtemps et l'Unef a bataillé des années pour l'obtenir. D'autant que les étudiants doivent s'acquitter de frais conséquents quand ils démarrent l'année : cautions logement, mutuelles santé, inscriptions diverses. Véronique Baud (source Havre Libre)
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