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Mardi 4 Octobre 2011:
À Florange, le spectre de Gandrange Près de 1500 personnes ont manifesté samedi à Hayange (Moselle). Inquiets de l'arrêt du haut-fourneau, salariés et élus réclament le maintien de la sidérurgie en Lorraine. Florange (Moselle), envoyée spéciale. Opération vallée morte, samedi à Hayange (Moselle). Près de 1500 élus, salariés, habitants ont défilé à l'appel de l'intersyndicale CGT, CFDT, FO, CFE-CGC d'ArcelorMittal pour le maintien de l'activité sidérurgique en Lorraine. Avec l'arrêt temporaire du haut-fourneau P6 de l'aciérie de Florange aujourd'hui, qui fait suite à celui du P3 en juillet, sous le prétexte d'une chute des commandes d'acier, le spectre de la fermeture définitive de la société plane. La crainte de voir disparaître le dernier bastion de la filière liquide en Lorraine est dans les esprits. Tout comme le souvenir douloureux de la fermeture de l'aciérie de Grandrange, en 2009. 1511 salariés entrent en chômage partiel Dès aujourd'hui, 1511 salariés vont progressivement entrer en chômage partiel à Florange, au haut-fourneau mais aussi à l'agglomération (lieu d'enrichissement du minerai), en passant par le service parckaging. Près de 400 sous-traitants et 400 intérimaires seraient poussés vers la sortie. Seuls quelques salariés resteront dans chaque secteur pour entretenir les infrastructures. En 2009, en pleine crise économique, le chômage partiel avait duré cinq mois. Cette fois-ci, il devrait durer a priori jusqu'au 31 décembre 2011. En attendant, Gérard (1), vingt-sept ans, intérimaire, ne sait pas encore à quelle sauce il va être mangé. « On m'a parlé d'un contrat de professionnalisation intérimaire (CPI), mais si ça se trouve, on peut aussi bien me dire au revoir demain. J'ai l'habitude, on nous prend, on nous jette. » Son collègue, Michel (1), trente ans, électricien, cherche déjà du boulot ailleurs. « On n'a pas d'infos, on peut choisir de rester dans l'équipe de maintenance ou rentrer chez soi au chômage technique. Moi, ça ne m'intéresse pas de rester là pour passer le balai ! » Avec seulement 90 % de leur salaire et aucune date de reprise, impossible pour les ouvriers d'ArcelorMittal de se projeter. Les syndicats, quant à eux ne relâchent pas la pression, entre la manifestation de samedi et d'autres opérations comme, vendredi, l'illumination d'une Vierge avec une inscription « SOS » au-dessus de la vallée d'Hayange. Et ils restent méfiants. « La direction nous met de la pommade en nous disant, "Ne vous inquiétez pas, ça va redémarrer", mais on reste dans le flou », constate Jean-Luc Graetz, élu CGT au comité d'entreprise. Salarié dans le secteur du haut-fourneau, Sébastien, trente et un ans, avait été reclassé à Florange après la fermeture de Gandrange. Il n'est pas touché par le chômage technique, mais il est déjà prêt à se mobiliser. « Je suis rôdé maintenant ! Je sais que Monsieur Mittal fait ce qu'il veut, ce n'est pas le gouvernement qui l'empêchera de fermer le site ! » Une allusion à peine voilée à la visite de Nicolas Sarkozy à Gandrange en 2008. Le président s'était rendu à l'aciérie et avait promis monts et merveilles aux salariés, assurant qu'une solution serait trouvée pour sauver le site. Résultat, l'entreprise avait fermé sans qu'il bouge le petit doigt. Un mensonge dont les Lorrains sauront se souvenir pour la prochaine élection présidentielle. Cécile Rousseau (1) Les prénoms ont été modifiés. (source l'Humanité)
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