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Vendredi 30 Septembre 2011:
Privés de cantine à cause de leurs parents Social : polémique autour de l'accueil des demi-pensionnaires dans la commune euroise du L'Habitat. « Je préfère manger à la cantine avec les copains et copines » chantait Carlos. Au L'Habitat, petite commune de 500 habitants au sud d'Évreux dans la vallée d'Eure, la ritournelle du barbu jovial ne fait pas rire toutes les familles. Depuis la rentrée, le syndicat intercommunal qui gère la restauration dans le cadre d'un regroupement scolaire avec la commune voisine de Bois-le-Roi (980 habitants) a décidé que les enfants dont les parents ne travaillent pas tous les deux sont invités à rentrer chez eux pour le déjeuner. En juillet dernier, les maires d'Epône (Yvelines), Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) et Bordeaux (Gironde) avaient soulevé un tollé auprès des fédérations de parents d'élèves en déclarant « vouloir donner la priorité aux enfants d'actifs ». Dans la belle vallée d'Eure, la rhétorique semble moins brutale mais le principe d'égalité devant le service public n'en est pas moins bousculé. « Cette discrimination entre les enfants dont les parents travaillent et ceux qui sont inactifs ou au chômage est inadmissible » tempête Jean-Pierre Morel. Contre toute attente, ce n'est pas le chef de file de la FCPE qui s'insurge mais le maire de Bois-le-Roy. Cela fait des mois que le torchon brûle entre l'édile eurois et l'équipe du syndicat de restauration scolaire présidé par Mme Caillère que nous n'avons pu joindre hier. « Je n'accepte pas ce critère lié à l'activité professionnelle des pères et mères. Les représentants de Bois-le-Roy n'ont pas la majorité au sein de cette structure intercommunale. En bon démocrate, j'ai dû me plier à cette décision malgré tout le mal que j'en pense » explique Jean-Pierre Morel. Ce n'est pas le premier motif de friction au sein de ce syndicat de restauration scolaire. « Déjà en juillet, nous avons dû nous battre pour que le prix du repas qui était de 3,10 € n'augmente pas brutalement à 4 € mais à 3,50 €. Pour bon nombre de familles dans nos villages, ce n'est pas rien » juge le maire de Bois-le-Roy. Hier midi, juste avant que n'arrivent les premiers enfants, Gérard Delauney tente d'apaiser les esprits. « Ce n'est ni une décision politique ni un oukaze discriminatoire. Depuis cette rentrée, plus de 90 enfants déjeunent à la cantine. Il y a un demi CE2, le CM1 et le CM2 qui sont scolarisés ici au L'Habitat, plus les CP, CE1 et l'autre demi CE2 qui viennent en autocar de l'école de Bois-le-Roy ». En franchissant la porte de la cantine, le maire de L'Habitat se justifie. « Ici, nous sommes dans une salle des fêtes. Tout est aux normes mais on ne peut pousser les murs. C'est avec un souci de confort et de bonne organisation que nous avons proposé aux familles qui le peuvent de prendre leurs enfants pour le repas de midi. Rien n'est figé » plaide Gérard Delauney. « Si un père ou une mère a besoin d'effectuer des démarches et de laisser son enfant à la cantine, il suffit de le signaler à la secrétaire et on s'arrange » promet le maire de L'Habitat. Ce vendredi soir, le syndicat de restauration scolaire des deux communes doit se réunir. Le budget de la cantine est officiellement à l'ordre du jour. Mais « l'affaire » des attestations d'employeurs que les parents sont priés de fournir devrait s'inviter dans les débats avec fracas. Christophe Preteux (source Havre Libre)
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