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Samedi 24 Septembre 2011:
Hortefeux dans l'oeil du cyclone Justice. L'ex-ministre de l'Intérieur, très proche du chef de l'État, a prévenu un protagoniste de l'affaire Karachi avant sa mise en examen. Une enquête est ouverte.
Brice Hortefeux a été en contact à deux reprises avec thierry Gaubert, un autre proche de Nicolas Sarkozy, mis en examen dans le dossier sur le financement occulte de la campagne d'Édouard Balladur en 1995. L'avocat des familles des victimes de l'attentat de Karachi, Me Olivier Morice, et le Syndicat de la magistrature (SM) ont demandé une enquête pour violation du secret de l'instruction après l'apparition d'éléments tendant à montrer que l'Élysée est informé des actes d'investigation. Ce développement est en passe de devenir une « affaire dans l'affaire » menaçante pour le chef de l'État. « Elle balance beaucoup, Hélène » Une écoute téléphonique du 14 septembre, révélée hier vendredi par Le Monde, montre que Brice Hortefeux, ancien ministre de l'Intérieur, été informé des déclarations à la police de l'épouse de Thierry Gaubert, un protagoniste-clef de l'affaire, avant que le procès-verbal d'audition soit versé au dossier. La veille déjà, l'Élysée avait laissé transparaître un accès exhaustif au dossier, dans un communiqué affirmant que le nom de Nicolas Sarkozy ne figurait dans aucune pièce ni aucun témoignage. Interrogé par l'AFP, Brice Hortefeux, vice-président de l'UMP qui dirige la cellule de riposte à la gauche, a confirmé les entretiens téléphoniques avec Thierry Gaubert. Mais il a démenti avoir eu accès au dossier d'instruction sur l'affaire Karachi. Le monde rapporte que l'ancien ministre prévient, ce 14 septembre, Thierry Gaubert que sa femme, Hélène de Yougoslavie, interrogée quatre jours auparavant par le juge van Ruymbeke « balançait beaucoup ». « Qu'est-ce que tu as comme infos là-dessus, toi, parce qu'elle me dit qu'elle dit rien ? », répond Thierry Gaubert. « Ça m'embête de te le dire par téléphone. Il y a beaucoup de choses hein », assure Brice Hortefeux. Il ajoute que Nicolas Bazire semble mis en cause. L'ex-épouse de Thierry Gaubert a accusé devant la police son mari de s'être rendu en Suisse en 1995 pour prendre livraison d'espèces qu'il aurait remises à Nicolas Bazire, alors directeur de campagne d'Édouard Balladur et mis en examen jeudi. Pour expliquer ces propos, Brice Hortefeux affirme qu'il a eu connaissance de l'interrogatoire d'Hélène Gaubert par la presse. Aucun média ne semble cependant à la date du 14 septembre avoir été informé de l'audition de cette personne, puisqu'elle n'était justement pas versée au dossier judiciaire. Hier en fin d'après-midi, dans un communiqué, Brice Hortefeux a demandé « à être entendu par la justice » et démenti « catégoriquement avoir eu quelque information issue de la procédure judiciaire en cours » sur le volet financier du dossier Karachi, menaçant d'attaquer en diffamation. Pour les syndicats de magistrats, tout cela met en lumière une pratique bien connue de l'exécutif. Le parquet est contraint de rendre compte au parquet général, qui lui-même fait des rapports au ministère de la justice, voire transmet les pièces du dossier. Si l'ensemble est transmis à l'Élysée, c'est alors juridiquement une infraction pénale, car l'Élysée n'a aucun titre pour avoir accès à ces documents. En fin de journée, le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire pour violation du secret professionnel et recel de ce délit. Elle vise les fonctionnaires qui auraient pu divulguer le contenu des écoutes et le recel auprès des médias qui les ont publiées. (source Havre Libre)
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