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Mercredi 21 Septembre 2011:

 

Éditorial

Veto contre la paix ?

Par Maurice Ulrich

Comment ne pas penser à cette belle phrase de Marx quand Israël agite des menaces de représailles économiques contre la Palestine, parle de répression ou, comme Ehoud Barak, de « tsunami » pour contrer la demande d'admission de la Palestine à l'ONU : « Un peuple qui en opprime un autre ne peut pas être libre. » Le peuple d'Israël ne sera pas libre tant que sa jeunesse sera appelée à servir dans une armée d'oppression, tant que ses soldats deviendront des geôliers et tireront sur des gosses armés de pierres. Le peuple d'Israël ne sera pas libre tant que les colons qui continuent à s'installer dans les territoires choisiront la force contre le droit, la spoliation contre la justice et la haine de l'autre pour justifier l'injustifiable. Le peuple d'Israël ne sera pas libre tant que cette politique-là viendra légitimer les politiques d'austérité qu'il a commencé à combattre.

Il faut aux dirigeants israéliens, avec l'appui des États-Unis, une singulière mauvaise foi, assortie d'une sacrée contorsion rhétorique, pour tenter d'accréditer l'idée que l'entrée de la Palestine à l'ONU, comme son 194e État membre, menacerait sa sécurité, alors même que les Nations unies ont été créées après la Seconde Guerre mondiale, pour tenter de garantir la paix dans le monde. Alors même que c'est à l'ONU que l'État d'Israël doit sa propre existence, au mépris à l'époque des droits des Palestiniens, ce pourquoi d'ailleurs ces derniers ont longtemps été réticents à cette existence même. Mais les temps ont changé, les Palestiniens ont changé, qui attendent, depuis soixante-trois ans maintenant, cet État qui leur était promis. Israël n'a pas changé. C'est en 1988, il y a déjà vingt-trois ans, que les Palestiniens ont accepté la perspective de la création de deux États. Mais c'est Israël qui continue à refuser le droit des Palestiniens à un État et ne cesse d'annexer des territoires par les barbelés, le béton, les vexations, les brimades, la violence et les armes.

Les États-Unis ont l'intention d'opposer au Conseil de sécurité leur veto à l'adhésion de la Palestine à l'ONU. D'autres pays, comme l'Allemagne, tergiversent, font mine de craindre une confrontation. Laquelle quand un vote massif de l'Assemblée générale, un vote de 193 nations, serait une formidable avancée pour la fin du conflit israélo-palestinien, pour la paix dans cette région si sensible du monde, pour les deux peuples ainsi encouragés à la coopération et à l'amitié ? Que pourraient opposer à cela les dirigeants israéliens, voire même les quelques forces réactionnaires en Palestine qui pensent encore à en découdre ? Parce que c'est une cause juste, l'entrée de la Palestine à l'ONU ne peut que servir la justice et la paix. « Welcom Palestine ! » lançait dimanche, depuis la grande scène de la Fête de l'Humanité, le député communiste israélien Dov Khenin avant une émouvante accolade avec le dirigeant palestinien Jafar Hdaïd.

Les États-Unis prétendent qu'ils préfèrent la voie de la négociation. Mais cela dure depuis des années et à chaque fois qu'un pas en avant semble fait, il est remis en cause, et cela par Israël : une nouvelle occupation, un nouvel acte de répression, de nouvelles vexations. Barack Obama a dit que les occupations étaient illégales. Barack Obama a déclaré, il y a tout juste un an, précisément devant l'Assemblée générale de l'ONU, que l'État palestinien en serait membre à part entière en septembre 2011. Et maintenant, il fait volte-face devant toutes les nations et devant l'opinion mondiale. C'est indigne, irresponsable, dangereux. Les États-Unis, comme le monde, n'ont rien à y gagner. Ni Israël.

(source l'Humanité)

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