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Mercredi 14 Septembre 2011:
Éditorial Une double lame contre la santé Par Patrick Apel-Muller La Bourse de Paris prend l'eau et les banques piquent du nez. Les mâles résolutions de Nicolas Sarkozy face à la crise de l'euro et ses poses de capitaine courageux dans une mer démontée semblent bien lointaines quand l'Union européenne a tout du radeau à la dérive. Les positions libérales n'ont pas guéri l'économie mondiale malade. L'échec se lit dans toutes les pages de la société. Hier, un rapport de l'OCDE a tracé un bilan cruel des politiques de restriction qui ont anémié l'éducation dans notre pays. Elle est non seulement frappée de sous-investissement mais elle est aussi « championne des inégalités », laissant pour compte les élèves des milieux défavorisés. L'OCDE relève que la France connaît « depuis 1995, de sérieux signes de ralentissement » dans le salaire statutaire des enseignants, les taux de scolarisation des quinze-dix-neuf ans, les dépenses d'éducation dans le primaire et le secondaire. La rengaine de Luc Chatel sur l'inutilité d'accroître les moyens pour l'école se révèle pour ce qu'elle est, une non-assistance à jeunesse en danger. Ce qui est vrai pour l'éducation l'est sans doute déjà pour la santé et risque encore de s'aggraver sous le double effet de l'étranglement du système hospitalier et de la taxation des mutuelles. La première lame va éradiquer des dizaines d'établissements de proximité et restreindre les fonctions des autres. La seconde va entraîner l'augmentation des prix qui va conduire des salariés à renoncer à souscrire à la couverture des mutuelles et à une réduction des remboursements. Dans les deux cas, la santé publique va régresser. Une marche arrière est enclenchée par la super-austérité appliquée aux peuples, tandis que le nombre et le volume des grandes fortunes gonflent sans trêve. Un jour une affaire, le lendemain un scandale, le troisième un règlement de comptes dans les coulisses du régime... Les projecteurs concentrés sur un pouvoir malsain peuvent distraire l'attention de l'opinion du besoin impérieux de changements radicaux. Il peut aussi la conforter dans la résolution de balayer cette droite arrogante et tout entière dévouée aux marchés financiers. La gauche est ainsi placée devant des responsabilités historiques. Il n'est pas sûr que, demain, le premier débat des primaires socialistes - empêtrées dans les querelles d'ego et la recherche de supporters – se hisse à ce niveau. La Fête de l'Humanité a cette ambition qui mettra en dialogue et confrontation tous les courants de la gauche, qui fera résonner les indignations d'ici et d'ailleurs et prolongera les combats quotidiens vers de vraies transformations de la société. La politique n'y est pas l'apanage de spécialistes mais s'épanouit sur la place publique, celle de la cité et des entreprises. À l'ordre du jour, renouer avec des progrès de civilisation. (source l'Humanité)
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