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Mercredi 14 Septembre 2011:

 

« Notre outil à nous, c'est la grève ! »

Rencontre hier à Châtellerault entre Jean-Luc Mélenchon et Marie-George Buffet et les salariés qui occupent la Fonderie du Poitou. Ils refusent le plan de recul social du groupe Montupet.

Ingrandes (Vienne), envoyé espécial.

L'arrivée de Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche à la présidentielle de 2012, et de Marie-George Buffet, député communiste de Seine-Saint-Denis et responsable des luttes au sein de ce Front de gauche, était attendue hier après-midi par près de 500 personnes sur le parking de la Fonderie du Poitou Alu d'Ingrandes, près de Châtellerault, dont toute l'activité est stoppée depuis le 2 septembre.

Pas une journée ne se passe, depuis la rentrée, sans que les fondeurs du Poitou, en lutte contre un « plan de compétitivité » qui les priverait de 23 % de salaire et de jours de RTT, ne créent l'événement dans le Châtelleraudais. Lutte emblématique contre le plan que le groupe Montupet, propriétaire de cette unité rentable de production de culasses pour l'automobile, souhaitait voir appliquer dès la fin septembre, sous la pression de son client principal, Renault. Mais cela ne fera pas reculer la détermination des salariés et de l'intersyndicale (CGT, FO, CFE-CGC, UDT syndicat autonome) à faire annuler ce plan. « Notre outil à nous, c'est la grève. Le rôle du pouvoir politique est d'appuyer notre demande et de populariser notre démarche », confiait Tony Garrot, délégué syndical CGT, peu avant que Marie-George Buffet ne prenne le micro pour apporter son soutien et s'engager « à travailler à donner à voir cette lutte pour créer des solidarités ».

Un véritable pillage de la trésorerie

Fustigeant des dirigeants empochant 23 000 euros par mois, au milieu de salariés qui comme Cédric, père de deux enfants, atteignent à peine 1600 euros mensuels après dix ou vingt ans d'ancienneté, l'élue communiste a notamment pointé la responsabilité de Renault « qui doit imposer à Montupet de retirer son plan ». C'est avec une certaine fermeté que Jean-Luc Mélenchon a tenu, quant à lui, à apporter « aide, courage et enthousiasme » aux grévistes, les félicitant de « tenir tête » dans une « bataille énorme » dont l'enjeu « dépasse l'échelon local ».Cédric, qui attend davantage de « l'application d'une loi comme celle de modernisation sociale de 2005 que des bonnes paroles », partage néanmoins cette idée d'enjeu qui dépasse le cadre de la fonderie, car « si le plan passe ici, les autres patrons s'en serviront ailleurs » ! Le candidat du Font de gauche, tout en se faisant expliquer en quoi le savoir-faire des 480 salariés de FDPA est unique en Europe et indispensable à Renault, a par ailleurs épluché les chiffres en compagnie de Patrice Mochon, secrétaire du syndicat CGT de FDPA. Et les chiffres, incomplets car la direction fait de la rétention d'informations, font déjà apparaître un véritable pillage de la trésorerie, notamment au titre de « frais de siège ». Nicolas Sarkozy en aura lui aussi connaissance, une lettre lui sera adressée. Le principe de cette « adresse au chef de l'État » a été voté à l'unanimité. « Tout passe par le vote, tous les jours, ici », a tenu à commenter Pascal Briand, secrétaire de l'UD-CGT de la Vienne. Que les salariés aient plus que jamais le droit de donner leur avis en matière de choix industriels et économiques, c'est aussi une des propositions du programme partagé du Front de gauche. Montupet est un « bon client pour en démontrer l'urgente nécessité », jubilait Jean-Luc Mélenchon.

Laurence Mauriaucourt

(source l'Humanité)

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