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Mardi 13 Septembre 2011:

 

Financements occultes : un vrai-faux déballage politicien

Une nouvelle affaire « Françafrique » relance de duel Villepin-Sarkozy, à deux jours du verdict du procès Clearstream...

Attention, marigot ! À droite, les coups tordus, fratricides ou pas, vont se multiplier et l'Élysée est à la manoeuvre. Genre « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette. » Dernière balle puante en

date : l'interview dans le journal du dimanche d'un certain Robert Bourgi, avocat libanais de son état, et intermédiaire multirécidiviste dans les systèmes de financement occulte des campagnes électorales via « la Françafrique » de l'ère néogaulliste. Au centre du déballage, l'homme d'affaires cible nettement Jacques Chirac et Dominique de Villepin : ce dernier aurait demandé à Bourgi de succéder dans l'ombre à Jacques Foccart après sa disparition.

Sans aucun doute touché par la grâce, Robert Bourgi, mis en cause dans un livre de Pierre Péan (la République des mallettes, Éditions Fayard), affirme « en avoir assez des donneurs de leçons de morale ». Il a donc décidé, affirme-t-il , « de jeter à terre sa tunique de Nessus ». Alors il cause. D'abord, en enfonçant une porte ouverte :

« Pendant trente ans, Jacques Foccart a été en charge des transferts de fonds entre les chefs d'État africains et Jacques Chirac. » Plusieurs dizaines de millions de francs par an. Puis il en arrive très vite à la campagne électorale de 2002. Pour faire oublier celle de 1995 ? Celle où le tandem Balladur-Sarkozy avait des velléités de shunter Jacques Chirac et d'être calife à la place du calife. Celle où ce couple fait un habile montage politique entre une frange du RPR et le centre, contre le candidat naturel de la droite et, pour financer l'opération, semble avoir touché des rétrocommissions liées à l'affaire des frégates et l'attentat de Karachi. Bourgi, passé depuis au sarkozysme, prétend évidemment que ce sont Chirac-Villepin qui ont touché des financements occultes, venus, notamment, de la générosité de Laurent Gbagbo, alors président de la Côte d'Ivoire, soutenu par la

« Françafrique ». Le petit manège se serait prolongé jusqu'en 2005, date à laquelle Dominique de Villepin aurait décidé de tout arrêter. Et date à laquelle de son propre aveu, Robert Bourgi aurait décidé de faire allégeance à Nicolas Sarkozy, celui-ci venant de réaliser qu'il est au centre d'une machination chiraco-villepiniste, la fameuse affaire Clearstream. « Ne t'inquiète pas, on les aura », aurait dit Nicolas Sarkozy à son nouvel ami Bourgi.

Coïncidences ? Le verdict du procès Clearstream, où Dominique de Villepin escompte un nouveau non-lieu, doit être prononcé mercredi prochain. Pour l'ancien premier ministre, candidat possible à la présidentielle 2012,

« tout cela n'est pas un hasard ». Reste que Michel Bonnecorse, ex-conseiller Afrique de Jacques Chirac, assurait hier que Nicolas Sarkozy aurait, lui aussi, bénéficié des mallettes d'argent africain, en 2007. Une nouvelle saga est ouverte. Avec écran de fumée.

Dominique Bègles

(source l'Humanité)

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