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Samedi 10 Septembre 2011:

 

Pressions maximales sur les autorités grecques : un consul ou la porte

Le ministre des Finances des Pays-Bas envisage quasi ouvertement une expulsion d'Athènes de la zone euro. À Paris, Jean-Pierre Jouyet, président de l'Autorité des marchés financiers, évoque sa mise sous tutelle.

Ils se lâchent. La pression sur la Grèce est plus forte que jamais, alors qu'elle attend de recevoir à l'automne une tranche du prêt de 160 milliards d'euros annoncée le 21 juillet par le Conseil européen. Hier, le ministre néerlandais des Finances, Jean Kees de Jager, a demandé que l'on sanctionne les pays incapables de respecter le pacte de stabilité. « Si un pays ne souhaite pas satisfaire aux exigences (de la zone euro), alors, il n'y a pas d'autre option que de la quitter », a prévenu le ministre des Pays-Bas. Le premier ministre, Marc Rutte, a lui été plus « doux », se contentant de réclamer la suppression des droits de vote pour les pays ne respectant pas le pacte. Des sources néerlandaises citées par Euobserver évoquent même la nomination d'un commissaire qui pourrait diriger directement le pays. Un consul au XXIe siècle !

En voyant le danger d'un éclatement de la zone euro se profiler, la Commission européenne a répliqué immédiatement : « Aucune sortie, ni expulsion de la zone euro n'est possible d'après le traité de Lisbonne. La participation à la zone euro est irrévocable. »

La politique d'austérité menée jusqu'ici à Athènes a été un échec. Pour preuve, la récession s'accentue. Au deuxième trimestre, le PIB s'est contracté de 7,3 % sur un an. Les politiques d'austérité ont asphyxié l'économie. En conséquence, les recettes fiscales ne rentrent plus. La position néerlandaise revient à croire que l'on peut

« sauver » l'euro en l'amputant de ses membres défaillants. Constatant que la Grèce est entrée dans un cercle vicieux, La Haye envisage une telle solution. Exit la solidarité.

Du côté des autres partenaires européens, l'option choisie reste celle de pousser le gouvernement grec à faire avaler la pilule de l'austérité.  Cette semaine, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a prévenu de « nouvelles conséquences » si l'exécutive Hélène ne parvenait pas à respecter les contraintes. Le premier ministre slovaque Iveta Radicova a dit, elle, que la Grèce n'a pas réussi à satisfaire aux conditions requises. Et son Parlement ne votera qu'en décembre sur « l'aide » européenne à Athènes, pourtant attendue à l'automne.

D'autres se font plus autoritaires encore, Jean-Claude Jouyet, ex-secrétaire d'État aux Affaires européennes de Sarkozy et actuel président de l'Autorité des marchés financiers, a évoqué une mise sous tutelle de la Grèce. Interrogé sur cette possibilité sur BFM TV hier, celui qui a cofondé en 1985 avec François Hollande le club deloriste, Démocratie 2000, a répondu : « S'il n'y a pas d'autres mesures », de la part d'Athènes, « il faudra le faire ». Exit la démocratie.

Gaël De Santis

(source l'Humanité)

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