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Vendredi 9 Septembre 2011:

Une chambre à gauche, « une épine dans le pied du gouvernement »

Nicole Borvo Cohen-Seat, présidente du groupe communiste, républicain et citoyen et des sénateurs du Parti de gauche, revient sur les enjeux du scrutin du 25 septembre.

La progression de la gauche aux élections municipales, régionales, puis cantonales, vaut-elle majorité automatique au Sénat ?

Nicole Borvo Cohen-Seat. C'est le sens logique des événements, depuis que la gauche a gagné 23 sièges aux dernières élections sénatoriales. Mais le scrutin, modifié par la droite qui est revenue sur la proportionnelle et sur lequel pèse une répartition injuste des grands électeurs, peut ne pas suivre cette logique. D'ailleurs, quand on regarde la répartition des élus dans les collectivités locales, le Sénat devrait déjà être à gauche...

Le fait que 40 % des grands électeurs ne revendiquent pas d'appartenance politique pourrait-il fausser cette belle arithmétique ?

Nicole Borvo Cohen-Seat. C'est ce qui fait le caractère incertain de ce scrutin. La droite s'est toujours plus ou moins appuyée sur cette réserve d'apolitiques. Mais précisément parce que les collectivités territoriales dont ils sont issus sont aujourd'hui menacées, ils pourraient choisir de s'opposer à la politique actuelle. S'ajoutent à cela les divisions de la droite : dans le Val-d'Oise, elle présente deux listes, soutenues l'une et l'autre par UMP ! Cette crise interne à la droite pourrait avoir des effets positifs pour la gauche sur l'élection.

Quel message délivrerait un basculement à gauche du Sénat ?

Nicole Borvo Cohen-Seat. Ce serait d'abord un signe très négatif pour Nicolas Sarkozy et la majorité actuelle, qui prendrait la quatrième claque électorale consécutive. Ce serait ensuite un signe positif pour des changements à venir en 2012. Plus concrètement, d'ici aux échéances présidentielle et législatives, le Sénat serait une grosse épine dans le pied du gouvernement de droite. Nous freinerions les réformes qu'il veut mettre en place d'ici à 2012 pour préparer un second mandat. Jusqu'ici, le Sénat n'a jamais failli, malgré la faible majorité de la droite et quelques écarts, à apporter son soutien à cette politique. Ils ont voté le budget de l'État, celui de la Sécurité sociale, et même la réforme des collectivités locales, à six voix près, alors même qu'ils y étaient individuellement largement opposés !

Concrètement, quel serait le nouveau visage du paysage politique français ?

Nicole Borvo Cohen-Seat. Le Sénat ne peut bloquer que les textes institutionnels. Mais prenons l'exemple de la réforme des collectivités territoriales : les candidats en campagne renvoient des échos qui montrent un énorme mécontentement. Avec la gauche, il aurait pu s'exprimer plus clairement, par le vote. Si la droite pensait que le Sénat n'influe en rien sur la politique, elle ne serait pas partie en campagne si tôt pour le garder...

Entretien réalisé par Grégory Marin

(source l'Humanité)

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