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Mardi 6 Septembre 2011:

 

Deux familles roms expulsées alors que le juge les autorisait à rester en France

Publié le lundi 05 septembre 2011 à 15H49 TRIBUNAL.

 

Deux familles roms ont été expulsées ce lundi 5 septembre, quelques heures avant l’audience qui devait décider de leur mise en liberté. Explications.

Agés de 4 à 11 ans, les six enfants des familles roms du Kosovo Ajeti et Hasani avaient – comme tous les autres enfants de France – préparé leurs cartables pour la rentrée. Mais aujourd'hui, l’ordre a été donné de les expulser et de les renvoyer en Serbie. Les deux avions qui les convoyaient – les deux pères ont été séparés des femmes et des enfants – ont décollé vers 10 heures de Roissy/Charles-de-Gaulle et Boos.
A quelques heures près, ils auraient été remis en liberté puisqu’un juge du tribunal administratif a, à 12h15 précises ce jour, prononcé l’annulation de l’arrêté de placement en rétention de ces deux familles. L’épilogue ubuesque d’une histoire qui dure depuis des semaines.

Demandeurs d’asile

Les familles Ajeti-Hasani (les grands-parents, les parents et six enfants) sont arrivées en France en février 2011 après avoir fui la Serbie, un pays où ils se sentent persécutés. Ils atterrissent à Clermont-Ferrand et demandent le statut de réfugiés. Refus de la commission (l’appel est en cours). Le 10 août, le préfet du Puy-de-Dôme décide de prendre à leur encontre un arrêté de reconduite à la frontière. Les familles sont arrêtées et placées en rétention… à Lille. Saisi, le tribunal administratif de Lille annule le placement en rétention.
Libérés, les Roms se réfugient à Saint- Amand-Roche-Savine (Puy-de-Dôme) où toute la population se mobilise. Mais jeudi 1er septembre, bis repetita. La police arrête les familles au petit matin. Direction cette fois, le centre de rétention d’Oissel. Un nouveau comité de soutien se forme avec RESF, la Ligue des droits de l’homme, le PCF… « Six enfants, le jour de la rentrée ! » dénonce l’élue rouennaise communiste Hélène Klein.
Dès vendredi, Me Cécile Madeline a déposé un recours devant le tribunal administratif de Rouen qui fixait son audience à ce lundi matin. Mais là, stupeur. « France terre d’asile m’a contactée à 8 heures ce matin. Les familles avaient été embarquées », constate l’avocate. En l’absence des Roms et de représentant de la préfecture, le juge a écouté tous les arguments de Me Madeline. « Tout a été organisé et précipité pour éloigner ces familles avant qu’elles n’aient la possibilité d’être jugées », s’indigne-t-elle « extrêmement choquée des méthodes employées. Où est l’intérêt supérieur des enfants ? ».
Le juge, attentif, semble lui aussi étonné de la tournure des événements. « On réfléchit à une autre
organisation pour l’avenir », lâche-t-il. « Peut-être la procédure du référé-liberté serait-elle plus appropriée… ». Suivant son collègue lillois, le magistrat rouennais a annulé la mesure de rétention des dix Roms. « Trop tard » pour le comité de soutien. Les avions partis, impossible de libérer les familles. « On attaquera l’Etat pour réclamer des dommages et intérêts », annonce l’avocate, déterminée à aller jusqu’au bout.

Patricia Buffe

(source Havre Libre)

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