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Samedi 3 Septembre 2011:
Emploi : deux mesures à prendre d'urgence Par Jean-Christophe Le Duigou (1)) D'un côté, 4,13 millions de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi, de l'autre, 186 millions d'heures supplémentaires, un record au deuxième trimestre, selon l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale. Les contradictions de la politique gouvernementale n'ont jamais été si flagrantes. Les chiffres du chômage du mois de juillet sonnent comme une confirmation de la mauvaise situation économique. Après le recul historique de la production en 2008-2009, la « reprise modérée de 2010 » s'est transformée en une nouvelle phase de la crise financière. Il n'y a plus que Xavier Bertrand à croire « que le chômage va repartir à la baisse ». Ces chiffres du chômage confirment par ailleurs l'existence d'un chômage structurel élevé qui frappe un ensemble de catégories fragilisées : les jeunes, les travailleurs âgés, les salariés peu qualifiés... Ces derniers mois ont été cruels pour les seniors. Leur situation ne peut malheureusement que s'aggraver avec le recul de l'âge du départ à la retraite, conséquence de la dernière réforme des retraites adoptée par le gouvernement. Les moins de 25 ans sont également fragilisés avec une hausse significative en juin et en juillet. Le chômage de longue durée qui, en proportion, avait paru diminuer du fait de l'afflux de nouveaux chômeurs lié à la crise, a commencé à augmenter de manière inquiétante. Ces chômeurs de longue durée peinent à se réinsérer sur le marché du travail. Comme le mois dernier, ils continuent à grossir les rangs des titulaires des minima sociaux. Le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi pendant au moins un an, sur les 18 derniers mois, atteint 2110 000 et progresse à un rythme proche de 10 %. Ils représentent désormais 51 % du total des demandeurs d'emploi recensés. Les chiffres catastrophiques du chômage pour le mois de juillet traduisent, de manière criante, l'échec de la politique économique menée par le gouvernement. Cette dernière est loin d'être à la hauteur de la situation économique de la crise que connaît notre pays. Xavier Bertrand avait, en juillet, réaffirmé son objectif peu ambitieux de « passer sous la barre des 9 % de chômeurs d'ici à la fin de l'année ». Il faudra qu'il nous explique comment il compte s'y prendre ! Car le ministère du Travaille n'annonce aucune mesure nouvelle. Certes, le nombre de contrats aidés devrait s'accroître au second semestre, à la suite des décisions de février dernier. L'alternance est mise en avant mais se heurte à la capacité des PME à assurer la formation des stagiaires. Pas de miracle en vue pour les seniors puisque le gouvernement compte seulement sur « le changement de comportement des entreprises à la suite des accords négociés ces deux dernières années ». Rien de plus, d'autant que le fonctionnement de pôle emploi continue à pâtir lourdement de la fusion précipitée et contestable ASSEDIC-ANPE. La politique économique actuelle explique la majeure partie des problèmes rencontrés. Ce constat, à lui seul, justifie d'autres orientations comme l'augmentation des salaires pour relancer la consommation, donc l'économie, l'élaboration d'une véritable politique industrielle, le renforcement des services publics. Mais il faut aussi aller voir du côté des dispositions touchant le marché du travail lui-même. Pour la plupart, elles ont été mises en place par le gouvernement, le MEDEF et certaines organisations syndicales promptes à signer des accords sur ce sujet. La priorité donnée à l'insertion des jeunes, qui n'a guère été efficace, a sacrifié beaucoup d'autres catégories de travailleurs, dont particulièrement les chômeurs de longue durée. Cette approche bute sur la segmentation des politiques de l'emploi et de la prise en charge des chômeurs. Le phénomène de vases communicants auquel on assiste devrait conduire à une révision en profondeur de l'articulation entre assurance, solidarité et minima sociaux. En tout état de cause, de mesures pourraient être prises sans attendre. La renonciation totale à la disposition de la loi TEPA, qui défiscalise les heures supplémentaires et empêche des embauches, d'abord. La subordination de l'octroi de toute subvention publique à l'adoption, à l'entreprise bénéficiaire, de choix de gestion en faveur de l'emploi et de la formation, ensuite. (1) Économiste et syndicaliste. (source L'Humanité Dimanche)
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