> Presse —Pour 0,04 %, le SMIC n'a pas été réévalué ! |
Dimanche 28 Août 2011:
Au boulot Par Gérard Filoche, inspecteur du travail Pour 0,04 %, le SMIC n'a pas été réévalué ! Le SMIC, indexé sur les prix à la consommation, a été revalorisé pour la dernière fois le 1er janvier sans « coup de pouce ». Il a été fixé à 9 euros brut de l'heure, soit 1365 euros par mois pour un temps complet, 35 heures, 151 heures 66. Le SMIC n'a pas, non plus, été augmenté le 1er août, car « il n'y a pas d'écart avec l'inflation compte tenu de ce qui a été fait », selon François Fillon. Le taux d'inflation, qui sert de référence pour une éventuelle revalorisation, ressortait fin juin à 1,96 %. Il aurait déclenché une revalorisation s'il avait atteint... 2 %. Pour 0,04 % pas d'ajustement, donc ! Fillon avait réaffirmé (« Nice-Matin », 18 juin) : « Augmenter le SMIC davantage que l'inflation serait une faute économique » car « cela écraserait la hiérarchie des salaires et induirait une augmentation du coût du travail, et donc du chômage ». Mensonges ! Il n'y a pas de lien direct entre coût du travail et chômage de masse : en Espagne où le coût du travail est plus bas, il y a bien plus de chômeurs que dans les pays scandinaves où il est nettement plus élevé. Et c'est le fait de ne pas avoir donné « de coup de pouce » au SMIC depuis 5 ans qui a justement écrasé la hiérarchie des salaires, accompagnée d'une hausse du chômage qui atteint tous les records historiques. Aujourd'hui, sur les 175 branches de plus de 5000 salariés 48, couvrant 2410000 personnes soit 27 % du total, ont un premier coefficient salarial inférieur au SMIC. Cela concerne un salarié sur quatre. Comment est-ce possible ? Quand le SMIC n'augmente pas ou seulement très peu par la loi, les employeurs ne se sentent ni obligés d'ajuster les minima conventionnels qui restent mécaniquement en dessous ni de répercuter la hausse sur les salaires immédiatement supérieurs. C'est ça qui aboutit à un phénomène d'écrasement des rémunérations. Pour franchir la barre légale du SMIC, les branches se contentent alors de faibles indemnités, primes de panier ou d'ancienneté. Les plus mauvaises branches sont celle des organismes de formation (86 000 salariés), celle des prestataires de services (109 000 salariés), celle du commerce alimentaire (653 000 salariés), celle des employeurs de particuliers (775 000 salariés) ou les officines de pharmacie (119 500 employés). Si le SMIC avait été réajusté à 2 %, 126 branches, 75 % des branches, auraient été en infraction, couvrant 8,5 millions de salariés. Cela aurait été un record, ce qui rend les propos de Fillon non seulement mensongers, mais ridicules, discréditant celui qui les a tenus. D'autant que le même Fillon a également suspendu pour 2 ans, au 1er janvier 2013, les sanctions prévues par la loi pour ces branches en infraction. La gauche devrait, par la loi interdire toute négociation de minima conventionnels inférieurs au SMIC et imposer qu'ils soient automatiquement réajustés avec celui-ci, en commençant avec un rattrapage général le portant immédiatement à 1700 euros. (source L'Humanité Dimanche)
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