Parti socialiste
Chaque candidat entend jouer sa propre partition
Déjà bousculé par la crise - et sommé par le
pouvoir de se positionner sur la « règle d'or » budgétaire -, le
Parti socialiste a quelque peu répondu en ordre dispersé, même si un
semblant de déclaration collective s'ébauchait à l'issue d'un bureau
national, mardi. Finalisé la semaine dernière le programme de son
université d'été, qui s'ouvre ce vendredi à La Rochelle, se trouve
finalement contraint d'intégrer largement la crise de la dette. Pas de
débat direct entre les candidats à la primaire sur les solutions mais
des plénières sur cinq thèmes distincts où chacun des prétendants
exposera ses vues. Martine Aubry ouvre ainsi le bal cet après-midi,
autour de la crise et l'euro avec deux de ses fidèles, Henri Emmanuelli
et Élisabeth Guigou, François Hollande interviendra à son tour sur la
croissance en présence de Pierre Moscovici, le coordinateur de sa
campagne.
La mise en scène inhérente au
rendez-vous de La Rochelle et la perspective de la primaire obligent les
candidats à privilégier un thème afin d'exister dans la campagne
interne. De la démondialisation d'Arnaud Montebourg en passant par la
réforme fiscale de François Hollande ou la gouvernance économique
européenne de Martine Aubry, les candidats gardent malgré tout un socle
commun sur la crise. À l'exception de Manuel Valls prêt à des
discussions avec le pouvoir, l'ensemble des prétendants rejettent la
règle d'or. En revanche, il y a accord sur l'objectif d'un retour du
déficit public à 3 % du PIB d'ici à 2013, comme le préconisent les
textes européens. Dès le départ le projet du Parti fut d'ailleurs bâti
en fonction de la réduction de la dette puisque la moitié des nouvelles
recettes dégagées est d'ores et déjà destiné à cet objectif. Pour
marquer sa différence avec la majorité, Martine Aubry a jeudi mis
l'accent sur la nécessité d'un retour à la croissance : « On réduit
les déficits, mais on accroît les risques d'une récession », a
déploré la maire de Lille en évoquant le financement d'investissements
d'avenir. « Nous attendions vraiment des mesures de relance de
l'activité
économique », a
répondu consécutivement Ségolène Royal.
Lina Sankari |
Parti communiste
français Élever le niveau du débat à
gauche
Halte au bourrage de crâne ! Pendant trois
jours, de vendredi à dimanche, dans le village vacances dédié au
tourisme social des Karellis, en Savoie, près de
Saint-Jean-de-Maurienne, le Parti communiste va mettre ses journées
d'été à profit pour faire entendre une autre voix sur la crise que «
celle des tenants du système qui est la seule qu'on entend sans répit
depuis deux mois », explique Patrice Bessac, responsable de
l'université d'été et de la formation militante au PCF. Le temps fort
des débats étant le moment d'échange, vendredi soir, avec les 600
participants attendus, en présence de Pierre Laurent, secrétaire
national du PCF, et le candidat du Front de gauche à l'élection
présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, venu en voisin des journées du Parti
de gauche (PG) qui se tiennent en Isère. Avant que Pierre Laurent ne se
rende lui-même aux journées du PG pour un meeting du Front de gauche,
dimanche.
Au lendemain de l'annonce par
le premier ministre d'un nouveau plan d'austérité de 11 milliards
d'euros, la définition d'une issue progressiste à la crise est
l'exigence montante de cette rentrée. Alors que la pétition du PCF
contre la vie chère a déjà récolté plus de 180 000 signatures cet été,
et en attendant le grand rendez-vous de la riposte de la Fête de
l'Humanité, l'université d'été du PCF se veut un moment de cette
construction. « Avec ce temps de formation militante, de décryptage
et enjeux de la crise et d'élaboration de solutions, nous faisons le
pari de l'intelligence populaire, contre les dérives autoritaires des
dirigeants européens qui veulent gouverner sans les peuples »,
poursuit Patrice Bessac. L'université d'été entend approfondir le débat
à gauche, dont une partie se montre de plus en plus sensible à la
pression du discours de la droite sur la dette et sur la
« règle d'or » budgétaire
qui lierait les mains d'un futur gouvernement. « Certains socialistes et
certains écologistes courent comme des andouillettes derrière la note
AAA des agences de notation financière. Mais le rôle de la gauche n'est
pas de caresser les marchés financiers, il est de leur reprendre le
pouvoir et de gouverner contre eux », souligne Patrice Bessac
Sébastien Crépel
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Parti de gauche
Décrypter le brouillage entretenu par le pouvoir
Sans nul doute que le « remue-méninges »
qu'organise le Parti de gauche (en collaboration avec cinq autres
formations du Front de gauche) sera marqué par la « riposte » à
« la politique d'austérité décrétée » par le gouvernement. Mais
bien avant l'ouverture des travaux de ce troisième rendez-vous estival,
vendredi, samedi et dimanche, à Grenoble (Isère), Martine Billard,
coprésidente du PG, a fustigé le plan annoncé par le premier ministre
François Fillon : « La justice fiscale et sociale version UMP, ces
"pas touche aux rentes ni à la finance et austérité pour les peuples !"
»
Selon elle, la taxation sur
les hauts revenus « revient en fait à augmenter en catimini l'ISF que
le même gouvernement vient de diminuer ». D'autant que cette mesure,
rappelle-t-elle, ne sera que temporaire, pendant que les attaques
contre les dépenses publiques seront permanentes », poursuivi la
députée de Paris. Plus généralement, le Parti de gauche estime que
l'endettement de la France n'est qu'un « prétexte » censé «
faire peur »,selon Jean-Luc Mélenchon (le Monde 24 août). le
candidat du Front de gauche refuse toute règle d'or, car elle «
oblige à une purge sans précédent dans le pays » et tout dogme d'un
déficit ne dépassant pas 3 % du PIB. Et formule un certain nombre de
mesures susceptibles de juguler la récession, mais en prenant l'argent
« là où il est ».
Ainsi préconise-t-il la
taxation des revenus du capital au même titre que ceux du travail,
rappelant qu'aujourd'hui ces derniers sont imposés à « 40 % contre 18
% » pour les revenus du capital. « L'égalité de contribution de
tous les revenus au bien commun est pour moi la piste centrale »,explique
Jean-Luc Mélenchon. D'autres pistes ont été étudiées, comme, par
exemple, la création d'une quinzaine de tranches d'imposition, dont la
dernière serait taxée à 100 %. Laquelle ne concernerait « que 0,05 %
des contribuables » et toucherait « les revenus de 360 000 euros
annuels », soit « 20 fois le revenu médian du pays ». Sans
attendre l'échéance de 2012, le Parti de gauche veut décrypter le
brouillage entretenu par le pouvoir, même si la tache s'avère
« rude ».
Nina Kaci
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