Christophe de Margerie
C'est totalement une vaste blague
« Taxer les patrons,
pas la multinationale ! » Patron de Total, la plus grosse
capitalisation boursière du CAC 40 qui réalise entre 10 et 15
milliards d'euros de bénéfices net chaque année, Christophe de
Margerie est réputé dans le milieu pour son humour mordant. Et c'est
un marrant, « Big
Moustache » de son surnom, il n'y a pas de
doute : un mois après la polémique sur le fait que son groupe ne
paie pas un centime d'impôts sur les sociétés en France, Margerie,
trois
millions d'euros de salaire annuel, propose de participer, à titre
individuel, à l'effort d'austérité collective. Début juillet, le
patron du groupe pétrolier avait régalé l'auditoire du Cercle des
économistes à Aix-en-Provence : « l'opinion publique, je la vois
tous les jours et elle ne parle pas des salopards avec leurs 10
milliards d'euros de profits qui ne paient pas d'impôts en France !
Ce qui ne va pas dans notre système, c'est que les chiffres, en
valeur absolue, ça ne veut rien dire : je peux gagner 100 milliards
d'euros et ne pas être riche! Ce n'est pas facile à expliquer. »
mais non, c'est très simple, et Total qui brûle cinq milliards
d'euros pour ses dividendes chaque année pourrait bien donner
quelques milliards d'euros à l'État sans devenir « pauvre » pour
autant !
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Liliane Bettencourt
c'est l'évasion
fiscale qui se fout de la charité
En 2010, la famille
Bettencourt a reçu près de 290 millions d'euros sous forme de
dividendes de L'Oréal. Détenteur de près de 31 % du capital de la
multinationale de cosmétiques, les héritiers d'Eugène Schuller tirent
le gros lot stratosphérique tous les ans. Et c'est sans compter,
pour Liliane et sa fille, les dizaines de millions d'euros qui
tombent eux aussi dans la cagnotte au titre des parts dans le
capital de Nestlé ou, jusqu'à il y a peu, du bouclier fiscal. Avec
les as de l'optimisation fiscale qui l'entourent, la 17e fortune
mondiale (20 milliards d'euros, selon le dernier classement annuel
de Forbes, la bible du Richistan planétaire) a réussi le tour de
force d'être imposée à un taux équivalent à celui d'un salarié
touchant 1300 euros net par mois : depuis 2007, elle a bénéficié,
grâce au bouclier fiscal, d'un chèque annuel de 30 millions d'euros
et, avec la suppression de l'ISF, elle pourrait ne payer que 10
millions d'euros impôts en 2011 et 2012. Prête, avec ses amis
ultrariches et archi-cyniques, à verser son obole dans le cadre
d'une contribution
« exceptionnelle » et
« calculée dans des
proportions raisonnables » afin d'éviter
« l'accroissement de
l'évasion fiscale », Liliane Bettencourt a visiblement oublié
qu'elle avait des comptes en Suisse.
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Marc Ladreit De Lacharrière
des Jaloux, les pauvres !
Patron et détenteur de 80% des actions
de la holding financière Fimalac, Marc Ledreit de
Lacharrière, à la tête d'une fortune évaluée à 700 millions d'euros,
a les moyens d'être généreux, mais il reste Warren Buffet - son
idole - au petit pied : dans les gazettes, celui qui, avec Fitch,
l'agence de notation contrôlée par Fimalac, a largement contribué à
l'emballement spéculatif sur la dette greque, se fait le promoteur de
la philanthropie à l'américaine. Preuve que c'est un chic type : il
a déjà doté sa fonction personnelle à 15 millions d'euros pour aider
à la
« diversité »... Mais quand on gratte, à l'instar de
ces
camarades archiriches, le naturel revient au galop chez Ladreit de
Lacharrière : « il est possible de devenir entrepreneur en
France, même si, dans ce pays, quand on réussit, c'est toujours en
dépit du milieu ambiant, et non pas grâce à lui, sanglotait-il, il y
a deux ans à l'université d'été du Medef. Il y a les charges
sociales, le Code du travail, l'aversion au travail l'aversion pour la
réussite, la jalousie. Il faudrait changer les mentalités. Non
à la diabolisation du profit, non aux décisions des politiques qui,
à l'encontre des intérêts de la France, conduisent à l'exil de nos meilleurs cerveaux, l'ISF en étant le
meilleur exemple ! »
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Philippe Varin
Mini-taxe pour les riches, grands pas pour la TVA
assez peu connu dans la liste des « très
riches français » qui prétendent vouloir être taxés, le patron de PSA, Philippe Varin, s'affiche de plus en plus dans les offensives
patronales. Bien représentées à la tête de l'UIMM, la
fédération patronale de la métallurgie qui cherche à reprendre sa
place dans le débat public après le scandale de la
« caisse
antigrève » - d'ailleurs 600 millions d'euros de fonds secrets, ça
pourrait servir dans la période ? -, les équipes dirigeantes du
constructeur automobile repartent à l'attaque sur le coût du
travail, intolérable à leurs yeux en France et elles ont une idée de
génie : passer le maximum de cotisations sociales sur la TVA et sur
la solidarité nationale ! « Nous observons un coût du travail qui
dérive à cause des charges, lance Philippe Varin. les Allemands
ont choisi de basculer certaines charges qui ne sont pas liées au
travail sur la TVA, c'est plus logique.» De son côté, la CGT de
PSA Sochaux s'est livrée à un petit calcul : alors qu'un ouvrier de
l'automobile peut espérer toucher 1500 euros mensuels après vingt
ans d'ancienneté, son patron qui a multiplié ses revenus par deux
gagne 9000 euros par jour, dimanche compris... Elle est pas belle,
la vie, là-haut ?
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