> Presse —L'État renvoie les étudiants à leurs (très) chères études |
Jeudi 25 Août 2011:
L'État renvoie les étudiants à leurs (très) chères études L'Unef dénonce une augmentation de 4,1 % du coût de la vie étudiante. Outre les prix du logement, le syndicat pointe la responsabilité de l'État, à l'origine de la hausse des frais d'inscription et des prix du « restau U ». Étudier dans une école de commerce ou d'ingénieur était déjà inaccessible. S'asseoir sur les bancs des amphis bondés des facs devient aussi, en 2011, un privilège. Dans son enquête sur la rentrée 2011, l'Unef relève un coût des études qui bondit de « 4,1 %, soit deux fois plus vite que l'inflation, évaluée à 2,1 % par l'Insee ». Sans surprise, le logement est le poste le plus impacté. Emménager devient hors de prix pour les étudiants : + 8,9 % d'augmentation cette année à Paris et + 1,9 % en province. Recherchant des petites surfaces, avec des baux souvent renouvelés, les étudiants sont les premiers frappés par la hausse des loyers, alors qu'ils y engloutissent déjà entre 50 et 60 % de leur budget. Les APL, qui n'ont pas été réévaluées depuis près de dix ans, ne vont pas améliorer la situation de ceux qui ont la chance rare de ne plus vivre chez leurs parents jusqu'à vingt-cinq ans, insiste d'ailleurs le président de l'Unef, Emmanuel Zemmour. Pour Laurent Wauquiez, au contraire, « la hausse du coût de cette rentrée est sans doute l'une des plus faibles des cinq dernières années ». Pour preuve, le ministre en charge des universités avance la hausse générale des prix des loyers de « 1,2 % cette année contre 1,5 % l'an dernier » et « une hausse du ticket de repas universitaire de 1,7 %, après 3,4 % en 2010 ». La sélection par l'argent Magnifique flagrant délire de com du docteur Wauquiez qui parvient à faire passer des hausses successives pour une baisse ! Car, au total, les dépenses obligatoires ont augmenté en moyenne de 33,2 % sur les cinq dernières années, rappelle l'enquête de l'Unef, basée sur les chiffres de l'Observatoire des loyers de l'agglomération parisienne et de l'Insee. « Les chiffres de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE) nous donnent une moyenne de 646,60 euros pour un loyer étudiant en Île-de-France, soit une augmentation de 7,7 % ! », relève aussi la Fage, organisation pourtant plus conciliante avec le gouvernement. Le ministre devrait plutôt faire profil bas. « En augmentant les frais d'inscription (3,1 %), la cotisation à la Sécurité sociale (+ 1,5 %) et le prix du ticket au restaurant de 5 centimes, le gouvernement a une large part de responsabilité dans la flambée du coût des études », dénonce Emmanuel Zemmour. Facteur aggravant, les boursiers d'Île-de-France seront privés à la rentrée des 153 euros qui leur étaient versés jusque-là pour financer leur carte de transport. Enfin, la promesse présidentielle d'un dixième mois de bourse, annoncée dans un courrier adressé aux boursiers, risque de rester lettre morte. « Il n'y a pas d'engagement » à ce sujet, avait indiqué le 1er août François Baroin, le ministre du Budget. Cette diminution aveugle des aides, qui provoque déjà un recul dramatique du nombre d'étudiants issus des classes populaires et des classes moyennes, risque aussi de se faire au détriment de la richesse de demain. « Ce n'est pas en ayant une main-d'oeuvre sous-qualifiée que l'on pourra lutter contre la récession », prévient l'Unef qui demande au contraire le gel, dès septembre, des augmentations fixées par l'État et la mise en place du dixième mois de bourse. Un an après l'annonce de réduction – finalement abandonnée – des allocations logement accordées aux étudiants, Emmanuel Zemmour met en garde contre les mesures d'austérité qui doivent être annoncées demain. Elles seront « regardées avec une extrême vigilance et une extrême fermeté, assure le président de l'Unef. Ce n'est pas aux étudiants de payer le triple A de la France ». Pierre Duquesne (source l'Humanité)
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