> Presse —« Règle d'or » : Fillon tend un piège au PS |
Mardi 23 Août 2011:
« Règle d'or » : Fillon tend un piège au PS Le premier ministre en appelle à « l'union nationale » en vue de forcer l'adoption au Parlement du projet sarkozyste qui prévoit d'inscrire l'interdiction des déficits dans la Constitution. À l'heure de la rentrée politique, la droite a choisi son credo. Pas question de relâcher la pression sur le Parti socialiste, alors que la crise des dettes souveraines ouvre une fenêtre inespérée pour imposer aux pays l'austérité perpétuelle. Alors que des mesures que François Fillon devrait annoncer au pays, mercredi, dans la foulée du Conseil des ministres, « seront forcément une potion amère », selon le Figaro, le premier ministre s'est défendu d'une tribune dans l'édition de ce journal datée samedi-dimanche. Il y exhorte explicitement le PS a adopté la « règle d'or », qui consiste à inscrire dans la Constitution l'obligation de revenir à l'équilibre budgétaire, au nom de « l'unité nationale ». François Fillon n'y va pas par quatre chemins : « J'en appelle à l'unité et au sens des responsabilités de toutes les formations politiques », lance-t-il, en faisant mine de regretter que le PS « semble attaché à la multiplication des emplois publics et des contrats aidés » et « n'a pas encore pris la mesure des efforts que nous devons accomplir pour tenir nos engagements de réduction du déficit et de la dette ». Bref, la droite entend utiliser l'inquiétude dans l'opinion à propos de la crise de l'euro pour mettre les dirigeants du PS au pied du mur. L'arithmétique est en effet implacable : sans le concours d'au moins une partie des voix des parlementaires socialistes la réforme n'a aucune chance de réunir les trois cinquièmes des voix nécessaires au congrès du Parlement pour modifier la Constitution. Dès lors, si le congrès est convoqué, la droite entend laisser au PS le choix suivant : soit voter avec elle une réforme qui condamnerait par avance toute politique de gauche, soit faire échouer la réforme, et courir le risque de se voir reprocher pendant toute la campagne de 2012 de vouloir laisser filer les déficits... François Hollande partage le « même but » Pour l'instant, le PS tient bon sur sa ligne du refus du projet de la droite. Vendredi Harlem Désir a adressé une fin de non-recevoir à l'appel de François Fillon, qu'il accuse d'appeler « à l'union nationale pour payer les factures de sa gabegie fiscale » en faveur « des plus riches ». Reste que chacun a en souvenir le congrès du Parlement de 2008, où quelques voix dissonantes avaient suffi pour faire pencher la balance en faveur de la réforme sarkozyste de la Constitution, adoptée à deux voix près, dont celle de Jack Lang. Certains, et pas seulement au PS, se laissent gagner si ce n'est au projet sarkozyste, du moins à sa rhétorique. François Hollande, tout en se refusant à cautionner la « règle d'or », propose de faire adopter, après les élections de 2012, une « loi de programmation qui respectera nos objectifs européens de réduction de déficits », déclarait-il, hier, dans le journal du dimanche, affirmant poursuivre « le même but, celui de maîtriser la dette publique ». Hors du PS, les déclarations de Daniel Cohn-Bendit en faveur d'une « règle d'or » incluant des « contreparties » sociales, mais plus encore celles de la porte-parole d'Europe Écologie-les Verts (EELV), Laurence Vichnievsky, traitant la retraite à soixante ans de « lubie » et plaidant pour des « suppressions de postes » dans l'emploi public, ont semé le trouble chez les écologistes. Sébastien Crépel (source l'Humanité)
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