> Presse  Rigueur piégée...

 

Lundi 22 Août 2011:

 

L'Éditorial de Michel Le Pinay

Rigueur piégée...

La semaine dernière s'est achevée dans l'inquiétude des marchés. Celle qui vient devrait encore être placée sous le signe de la rigueur. Avec un temps fort : le nouveau plan d'économies du gouvernement qui doit être annoncé mercredi. On devrait y rogner un peu plus les niches fiscales pour tenter de rester dans les objectifs de réduction du déficit malgré le ralentissement économique. Mais cela ne suffira pas, sauf à donner un véritable coup de balai dans les niches en question, ce qui serait très impopulaire, et donc dangereux à quelques mois de la présidentielle. En revanche, le gouvernement a besoin de donner un signal à l'électorat en matière de justice fiscale. Sauf à paraître autiste, il se doit de faire un geste, fut-il symbolique, pour faire contribuer les plus hauts revenus au redressement des comptes de la Nation. Nicolas Sarkozy devrait se résoudre, après des mois de refus obstinés, à un prélèvement fiscal, exceptionnel, sur les plus hauts revenus.

Indispensable, mais également pas sans risque, car en augmentant les impôts, même avec des pincettes, le président abandonne sa posture habituelle de réducteur de taxes obstiné, et du même coup affaiblit un peu un de ses principaux arguments de campagne contre les socialistes, supposés être les champions des impôts. Image que les candidats aux primaires socialistes voudraient inverser... Tout en se démarquant les uns des autres. Samedi, Ségolène Royal reprochait ainsi à certains de ses rivaux en l'occurrence François Hollande et Manuel Valls, de promettre aux Français « du sang, des larmes et de la rigueur ». Et il est vrai que pour les candidats de gauche, ce terrain de la rigueur n'est pas sans danger. À vouloir à tout prix se présenter comme plus rigoureux que Nicolas Sarkozy, coupable selon eux d'avoir fait exploser les déficits pendant son mandat, les candidats socialistes risquent de finir par convaincre les électeurs qu'en fait, quel que soit le gagnant, on aura la même politique économique : toujours plus de rigueur. À ce jeu, les Français pourraient à tout prendre, préférer le modèle connu. On peut donc imaginer que le président va tout faire pour attirer ses rivaux sur ce terrain économique et les y maintenir. En les mettant constamment en situation de prouver qu'ils ne sont pas le parti du laxisme, au risque pour eux d'en oublier leurs propres propositions de changement. Son arme principale : la règle d'or inscrivant le retour à l'équilibre dans la Constitution, et qu'il tente avec Angela Merkel d'imposer à tous les pays de la zone euro. Un piège à double détente : d'une part les socialistes pourraient paraître irresponsables s'ils refusent de voter le projet, d'autre part les candidats à la primaire pourraient en profiter pour afficher leur différence sur le sujet. Pour l'instant, les six candidats ont évité le piège. Mais la campagne est encore longue.

(source Havre Libre)

  haut de page