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Lundi 22 Août 2011:

L'intersyndicale mise sur la mobilisation

Les cinq organisations réunies jeudi réclament des « réponses nouvelles » à la crise. Jugeant l'intervention des salariés indispensable, elles se retrouveront le 24 août au soir pour décider de l'action.

« C'est un signe fort au gouvernement et au monde du travail. » La réunion de l'intersyndicale (CFDT, CGT, FSU, Solidaires et Unsa), jeudi au siège de la CFDT, vient de se terminer et Nadine Prigent, qui représente la CGT, ne cache pas sa satisfaction. Les cinq organisations syndicales exigent du gouvernement « des réponses nouvelles priorisant l'emploi la cohésion sociale (protection sociale, services publics...), La réduction des inégalités (une autre répartition des richesses, le pouvoir d'achat, une autre fiscalité), la maîtrise des déficits publics ».Elles demandent au gouvernement et au patronat d'engager « une véritable concertation sociale ». En même temps, l'intersyndicale  « estime indispensable l'intervention des salariés ». Elle se réunira dès le 24 août au soir, après les annonces du gouvernement, « pour envisager les suites à donner » et précise que « celles-ci viseront à débattre avec les salariés des solutions à apporter et à organiser avec eux l'action pour faire pression sur le gouvernement et le patronat ». Une proposition d'autant plus indispensable pour Nadine Prigent que « les événements inédits auxquels on a assisté dans le monde montrent que les peuples ne sont plus décidés à subir les politiques menées ».

« Nous avons su dépasser nos propres prérogatives, nos propres intérêts, pour viser l'intérêt général du

pays », se félicite Marcel Grignard de la CFDT. « On continue de se voir malgré nos désaccords, renchérit Jean Grosset, de l'Unsa. Et nous savons prendre nos responsabilités en faisant fi de nos prés carrés et de nos intérêts d'appareils pour traiter les problèmes des salariés. » La déclaration de l'intersyndicale ne range pas aux oubliettes les divergences de vues entre les organisations syndicales et elle peut paraître éloignée des exigences formulées par certaines. Nadine Prigent a ainsi rappelé l'opposition franche de la CGT à la « règle d'or » de la réduction des déficits et « au pacte euro plus ». « Ce n'est pas d'un plan d'austérité dont on a besoin, mais d'un plan de progrès social », a-t-elle affirmé. « Il faut une autre politique, approuve Jean-Michel Nathanson, de Solidaires, basée sur un autre partage des richesses, une autre fiscalité, de véritables services publics. » Discours semblable de Bernadette Groison pour qui « on ne peut pas sortir de la crise sans parler de l'emploi, et particulièrement de l'emploi public, sans parler des services publics et de la protection sociale ».

Mais tous les syndicats prennent en compte la « gravité » de la situation, et aucun ne se fait d'illusion sur la nature des décisions que va prendre le gouvernement mercredi prochain. « De la part des gouvernements européens et du gouvernement français, ce sont des politiques de rigueur qui vont s'appliquer », assure Jean Grosset. Pour la secrétaire générale de la FSU, que l'intersyndicale ait « pris ses responsabilités » en appelant à l'action si les syndicats n'étaient pas entendus « prépare une rentrée sociale à laquelle le gouvernement ne s'attendait pas ».

Nadine Prigent se félicite de « la dynamique unitaire » et appelle les absents (FO, la CFTC, et la CGC ne participent plus à l'intersyndicale) à y participer. La CGT avait proposé dès le mois de juin l'organisation d'une journée de mobilisation interprofessionnelle en septembre ou début octobre. La FSU et Solidaires s'y disent favorables. Des mobilisations unitaires sont programmées dans certains secteurs, l'éducation nationale le 27 septembre et les retraites le 6 octobre. L'intersyndicale ne s'est pas encore prononcée sur la proposition de la CGT mais doit donc se retrouver mercredi prochain 24 août au soir. Sauve surprise, on voit mal les cinq syndicats décider autre chose qu'une mobilisation unitaire d'ampleur.

Olivier Mayer

(source l'Humanité de vendredi 19 août)

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