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Samedi 20 Août 2011:
Entourloupe patronale sur la contribution des riches Dans les pas du multimilliardaire Warren Buffett, plusieurs grands patrons français préconisent une contribution « exceptionnelle » pour les nantis. Une manière, à leurs yeux, de faire passer la pilule de l'austérité pour le peuple ! Attention, grosse manip ! Depuis que Warren Buffett, troisième fortune mondiale (50 milliards de dollars) selon le classement annuel de Forbes, a, en tant qu'ultra-riche, offert de participer à l'effort pour résorber la dette publique aux États-Unis, le petit monde des grands patrons français est en ébullition. Et, les uns après les autres, certains éminents représentants de notre Richistan se précipitent pour donner corps à la grande entourloupe, espérant désamorcer, au prix d'une mesure « transitoire », « exceptionnelle » et surtout parfaitement symbolique, la colère sociale suscitée à la fois par leurs rémunérations exorbitantes et par les dispositifs dits « d'optimisation fiscale » qui tournent à plein régime dans ce milieu-là. Mardi, dans les colonnes du Monde, Maurice Lévy, patron de Publicis et président de l'Association française des entreprises privées (Afep), le discret lobby rassemblant les groupes du CAC 40, propose une « contribution exceptionnelle des plus riches, des plus favorisés, des nantis ». « Il me paraît indispensable que l'effort de solidarité passe d'abord par ceux que le sort à préservés, poursuit Maurice Lévy. J'ai toujours considéré que la grande majorité des dirigeants méritaient leur rémunération, et pour certains plus encore. Mais je considère avec la même force qu'il est normal que nous, qui avons eu la chance de pouvoir réussir, de gagner de l'argent, jouions pleinement notre rôle de citoyens en participant à l'effort national. » Des riches « Philanthropes » Dans le Parisien, Geoffroy Roux de Béziers, patron de Virgin Mobile et un temps challenger de Laurence Parisot à la tête du Medef, joue dans la même veine philanthropique : « J'estime qu'être riche donne des responsabilités. La première est de contribuer à la solidarité nationale, surtout en cette période de crise. » Derrière cet élan de « générosité », le naturel revient au galop... Et très vite ! Ceux qui se sont battus à mort pour obtenir la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune lâchent le morceau. Roux de Béziers se déclare « favorable » à l'appel de Warren Buffett, « mais c'est symbolique », se rassure-t-il immédiatement. « Il faut dire aux Français, ce n'est pas en taxant même beaucoup les riches que l'on réglera le problème de la dette de l'État. (…) L'ISF est un impôt idiot, et il ne faut pas que cela exempte l'État des efforts à produire en matière de réduction des déficits. » De son côté, Maurice Lévy préconise, derrière l'affichage « les riches sont solidaires », une attaque sans précédent contre « nos structures administratives et nos systèmes sociaux, pour pouvoir à l'avenir réduire drastiquement nos coûts », évoquant également un « programme de privatisation dédié exclusivement au désendettement ». Pour l'heure, le Medef, partenaire de l'Afep, il y a deux ans, à travers le code de « bonne conduite » sur les rémunérations des grands patrons, reste remarquablement silencieux. Si volubile quand il s'agit de présenter l'ISF comme une « catastrophe économique », Laurence Parisot, sa présidente, ne dit pas un mot sur ces contributions « volontaires » envisagées pour les plus riches. Sur Twitter, un des permanents du Medef évacue, lui, carrément : « L'Afep n'est pas le Medef et Maurice Lévy n'est pas Laurence Parisot ! » Thomas Lemahieu (source l'Humanité)
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