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Mercredi 17 Août 2011:
Ces chères vacances, trop chères Sur la Côte d'Azur, les palaces ont fait le plein, pas les campings. Les restaurateurs font grise mine : météo agitée, mais surtout pouvoir d'achat médiocre des touristes ordinaires. Côtes d'Azur, envoyé spécial. « On disait que les Français qui allaient en vacances en Tunisie ou en Égypte resteraient cette fois en France, eh bien moi, je ne l'ai pas du tout ressenti ! » La patronne du camping de l'Hippodrome, à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), dresse un bilan en demi-teinte de la haute saison qui s'est achevée le 15 Août. Durant la première quinzaine de juillet, son établissement familial, à deux pas de la mer, n'a pas affiché complet. Huit sur dix de ses confrères font le même constat d'une baisse de fréquentation, selon l'enquête que vient de publier le comité régional du tourisme (CRT) Riviera Côte d'Azur. La deuxième région touristique de France, après Paris, serait-elle progressivement interdite aux classes populaires ? Une tendance au raccourcissement des séjours est également observée dans l'hôtellerie de plein air. Au camping du Pylône, À Antibes, la famille Roll (un couple d'enseignants avec deux jeunes enfants), de Normandie, confirme : « Nous comptions passer trois semaines ici, mais tout est vraiment trop cher. Nous ne resterons finalement qu'une dizaine de jours en ne faisant pas de folies pour la nourriture, mais sans sacrifier ce qui fait plaisir aux enfants. » La veille du départ sera consacrée d'ailleurs à une visite au parc d'attractions marin tout proche, ce Marineland qui affiche une fréquentation en très nette hausse alors que celle des musées et sites historiques serait plutôt stagnante. Des terrasses à moitié vides Les restaurateurs, quant à eux, font grise mine. Surtout lorsqu'ils voient des consommateurs potentiels tourner les talons après avoir consulté la carte pour se précipiter vers le premier marchand de sandwichs venu. C'est ainsi que sur le cours Saleya, à Nice, on fait la queue chez Tereza avant d'aller à la plage (publique) pour emporter la portion de socca (crêpe à la farine de pois chiche) à 3 euros et le pan bagnat à 5 euros. En face, les serveurs de la Storia ou du Safari, deux restos de spécialités niçoises, se croisent les bras au bord de leurs terrasses à moitié vides et reconnaissent que « en ce moment, c'est calme surtout à midi » alors qu'on est en pleine saison. Même topo dans les restaurants de plages (privées) de la promenade des Anglais. Il est vrai que payer 15 euros la salade de tomates-mozzarella n'est pas très incitatif... « On voit de plus en plus de couples qui demandent un plat pour deux, une carafe d'eau et deux cafés », enrage un pizzaïolo de la rue piétonne voisine. A contrario, le syndicat des hôteliers de la Côte d'Azur est à la fête qui évoque dans un communiqué du 11 août « un été exceptionnel avec une affluence et une qualité rarement vue ». L'accroissement du nombre des clients serait de 8 à 10 %. Cela plane surtout pour l'hôtellerie haut de gamme qui, elle, aurait bénéficié d'un effet « révolutions arabes », grâce, souligne Michel Tschann, le président du syndicat, « à la qualité de la Côte en termes de sécurité (…) et de savoir-faire des équipes ». C'est l'augmentation sensible du nombre de « visiteurs-avion » (hommes d'affaires et touristes fortunés) débarquant à l'aéroport international de Nice qui devrait d'ailleurs permettre à la Côte d'Azur de franchir à nouveau la barre des 10 millions de touristes, dont une moitié de Français, générant un chiffre d'affaires de plus de 4 milliards d'euros. Philippe Jérôme (source l'Humanité)
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