> Presse —Scolarité : Faut-il réduire les vacances d'été ? |
Lundi 15 Août 2011:
Scolarité : scolarité faut-il réduire les vacances d'été ? Thierry Patinaux Secrétaire régional UNSA*Éducation « De petits arrangements » quelles seraient pour vous les implications d'une réduction de la durée des vacances d'été ? Thierry Patinaux : « Nécessairement, les enseignants auraient moins de vacances. Et il faudrait trouver une compensation. » Mais ils travaillent 35 semaines par an ? « Les enseignants ont un statut particulier. Un certifié doit réaliser 18 heures par semaine d'obligations de service c'est-à-dire de cours devant élèves. Ensuite, il y a le temps de préparation et les copies à corriger. Une grande majorité d'enseignants se forme pendant les vacances d'été, et tout cela n'est pas comptabilisé à l'heure près car personne ne contrôle ce que l'on fait. Les enquêtes récentes le montrent. Les enseignants travaillent largement leurs 35 heures par semaine avec beaucoup d'indivisible qui n'est pas comptabilisé. Mais ce temps-là, si on nous le réduit, il faudra le compenser soit par une réduction du temps d'obligations de service soit par une compensation financière. » Le ministre de l'Éducation proposerait, et c'est à débattre, de réduire les heures de cours par jour en compensation... « Si les élèves ont moins de cours, on peut supposer que les enseignants auraient moins d'heures d'obligations de service. Mais ce n'est pas gagné parce qu'on observe une réduction des effectifs. Or, pour que ça marche, il faudrait que le nombre d'enseignants reste le même. » Faites-vous partie de ceux qui pensent que les élèves ont une charge de travail quotidienne trop importante ? « Regardons la réalité en face : les élèves français travaillent plus que dans bien d'autres pays d'Europe. Cela génère des problèmes d'inattention avec une ambiance qui n'est pas toujours sereine en conséquence. En plus on leur demande de travailler à la maison. Ils compensent assez naturellement en se concentrant sur certaines matières et pas sur d'autres, ils tendent à sélectionner, et c'est assez inévitable du fait de la lourdeur de leur travail et c'est vrai du primaire jusqu'au lycée. C'est le quotidien des enseignants. » Selon vous, réduire les grandes vacances serait une solution viable ? « Il faudrait prévoir de sérieux allégements des cours tout au long de l'année. Finalement, en termes d'organisation, cela ne devrait pas trop poser de problèmes : les parents n'ont pas 9 semaines de vacances à poser sur juin, juillet et août, cela devrait donc même les arranger. D'ailleurs les stages de remise à niveau en août ont de plus en plus de succès auprès d'eux. Certains élèves en ont vraiment besoin mais ça arrange aussi les parents car c'est un mode de garde pas cher et utile. » *: Union Nationale des Syndicats Autonomes. Corinne Guyader Présidente FCPE*Le Havre et son Agglo « Des tracas en vue » d'après un sondage réalisé l'année passée, sur le site « vousnous-ils.fr » une majorité de Français serait favorable à la réduction des vacances d'été. Qu'en dites-vous ? Corinne Guyader : « Je veux bien le croire car l'organisation sur 9 semaines de vacances d'été, c'est un peu galère. Mais est-ce que les parents ont bien réfléchi au problème dans sa globalité ? Ils étaient tous d'accord pour la suppression du samedi matin et finalement ils ont réalisé qu'ils perdaient le contact avec les enseignants. Il ne faudrait pas qu'ils regrettent leur choix. » Les vacances d'été vous paraissent-elles trop longues ? « Le problème c'est qu'on nous a déjà dit que les enfants allaient avoir cours jusqu'à fin juin mais dans les faits ce n'est pas vérifié du tout, ils ont plus de vacances que prévu. » Quels problèmes cela pourrait poser concrètement ? « Passer à cinq semaines de vacances en été par exemple, ce serait une bonne chose pour les parents, certes. Mais attention, il faut penser aux infirmiers, au personnel médical dans les hôpitaux : comment fera-t-on si tout le monde part en été, pose ses 5 semaines en même temps parce que les enfants sont en vacances sur une même période ? J'ai un peu de mal à m'imaginer cette réduction. Et puis il faut voir comment l'Éducation Nationale va agencer tout cela. Il y aura des contreparties. » Dans le cadre du débat, le ministère de l'Éducation National avance l'idée d'un allégement des journées de cours pour les élèves ? « Mais vont-ils alléger les journées ou les programmes ? Déjà le programme n'est jamais bouclé, on a des gamins qui ne savent ni lire ni écrire et qui sont en échec. On va alléger la journée et donc les gamins vont devoir ingurgiter sur un temps plus court ce qu'ils doivent apprendre en un temps plus long ? C'est impossible. De plus en plus d'enfants restent sur la touche dans des classes parfois de plus de trente élèves. Il y a tout un ensemble à prendre en considération. » La perspective d'une réduction des grandes vacances vous évoque surtout des contraintes ? « Il faut penser à tout : un allégement du programme, une concertation avec le conseil régional, les départements, les municipalités pour la prise en charge des enfants quand les parents travaillent. Les municipalités n'ont déjà pas beaucoup de moyens, donc une fois de plus ce sont les familles qui vont trinquer. En Allemagne les femmes sont de moins en moins à travailler à cause du rythme scolaire. Je ne dis pas que nous en arriverons là mais tant que la question de la réduction des vacances scolaires est au stade du débat, on peut tout imaginer. » *: Fédération des Conseils de Parents d'Élèves. Calendrier scolaire Et si les vacances d'été devenaient plus courtes ? Une proposition lancée par le ministère de l'Éducation Nationale dans le cadre d'un débat national va dans ce sens. Le calendrier et le rythme scolaire font débat. Enseignants et parents d'élèves s'interrogent.
Propos recueillis par Sandra Calme (source Havre Dimanche du 14 Août)
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