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Jeudi 4 Août 2011:

 

Rio-Paris : un rapport caviardé

Polémique. Les pilotes de ligne et les familles de victimes reprochent aux enquêteurs d'avoir retiré de leur rapport une recommandation sur les alarmes de décrochage.

L'annonce du retrait dans un rapport officiel sur le vol Rio-Paris d'une recommandation sur l'alarme de décrochage a relancé mercredi la guerre entre les acteurs du dossier, lourd d'enjeux pour l'aéronautique.

Le bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) a mis en cause vendredi dernier dans son troisième rapport d'étape la formation et les réactions de l'équipage après le décrochage de l'Airbus A320 qui s'est abîmé dans l'Atlantique le 1er juin 2009, faisant 228 morts.

Les critiques contre cette étude ont redoublé quand La Tribune et Les Échos ont révélé que la recommandation sur l'alarme de décrochage ne figurait pas dans le document final alors qu'elle avait été intégrée dans une première version.

Dénonçant une « enquête à charge contre les pilotes », le Syndicat national des pilotes de lignes (SNPL, majoritaire) a aussitôt annoncé la suspension de sa participation à l'enquête sur l'accident de l'appareil d'Air France.

L'association de victimes françaises Entraide et solidarité AF447 a également jugé dans un communiqué l'enquête « définitivement discréditée » et dénoncé des « affirmations partiales et très orientée vers la défense d'Airbus. »

Elle a en outre demandé à la justice d'avoir accès à l'ensemble des données des enregistreurs de vol. Selon une source dans les milieux de l'aéronautique, le report de l'adoption d'une recommandation n'a rien d'exceptionnel et l'émoi qu'il suscite ressemble à une tentative un peu désespérée de la compagnie et des pilotes mis en cause par l'enquête. « C'est l'unique solution qu'il leur reste pour contrer l'enquête. Ils sont dans le déni total », dit-elle.

Le BEA a reconnu avoir effectivement ôté le projet de recommandation sur l'alarme de décrochage du texte final car les expertises réalisées sur ce sujet ne semblaient pas complètes aux enquêteurs.

Le SNPL souligne que sa confiance dans le BEA est « sérieusement entamée ». « Les pilotes n'entendent pas fuir leurs responsabilités mais ils n'accepteront pas que cette enquête se transforme en une simple instruction à charge contre l'équipage », dit-il dans un communiqué.

Le rapport de vendredi confirme que la séquence fatale a bien été déclenchée par le givrage des sondes mesurant la vitesse, ce qui a entraîné la perte du pilote automatique et celle des protections contre le décrochage. Les responsables de l'enquête technique ont cependant estimé que la situation était « rattrapable » et que c'est l'action de l'équipage qui a fait tomber l'avion dans l'Atlantique. Le rapport du BEA a été jugé

« partial » et « très orienté vers la défense d'Airbus » par plusieurs acteurs du dossier, d'Air France aux familles des victimes.

Les pilotes se sont vu reprocher en particulier d'avoir cabré l'appareil au lieu de le faire piquer comme ils l'auraient dû dans une situation de décrochage.

(source le havre libre)

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