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Jeudi 4 Août 2011:

 

« Apparu, t'es foutu, le Samu est dans la rue ! »

Deux semaines après la démission de Xavier Emmanuelli à la tête du SAMU social, les professionnels de l'hébergement d'urgence étaient en grève hier pour dénoncer les restrictions budgétaires.

Dans la chaleur enfin revenue, le petit square Boucicaut fourmille, rare brèche de verdure dans ce beau quartier de Paris. Parents et poussettes ne sont pourtant pas là pour prendre le soleil, mais parce qu'ils campent ici depuis des semaines. Et parce que, aujourd'hui, ils veulent témoigner, joindre leurs voix à la colère des professionnels de l'urgence sociale. Au micro, face caméra, se succèdent Khadra, Aïcha. Des femmes brisées, épuisées de devoir assurer le quotidien de leurs enfants tout en dormant dehors. Dans un pays qui compte désormais 3,6 millions de personnes pas ou mal logées, dont 133 000 sans-abri, ne sont-elles pas, après tout, les plus à même d'exprimer la galère qui gronde depuis que le 115 n'a plus les moyens de répondre aux appels ? Ou si peu ? « Plus de places en hébergement d'urgence, Madame, quant à votre recours pour faire valoir le droit au logement, eh bien vous n'aurez qu'à repasser ! » Saturation totale. Partout. Tout le temps. Il n'y a plus de place pour vous dans notre société pas plus de perspectives. Circulez.

Au départ du cortège, l'émotion est vive parmi les manifestants. Trois cents personnes pour un mois d'août, c'est déjà pas mal. « Je ne suis pas indignée moi, je suis révoltée », lance froidement Fabienne Lefebvre. Cette responsable de l'aide sociale à l'enfance du Val-de-Marne sature, elle, d'être sommée d'obéir à des consignes inhumaines. « Si l'enfant a plus de trois ans, il n'y a plus de prise en charge : c'est l'hôtel ou les hôpitaux. Je n'ai jamais vu ça de ma carrière. Pour le reste, je résiste. Pas question de placer les enfants parce que leurs parents sont à la rue ou de laisser dehors une femme qui n'a pas de solution lorsque le centre ferme. »

Quelques mètres plus loin, les slogans fusent à l'encontre du secrétaire d'État au Logement : « Apparu en vacances, il faut un plan d'urgence ! » En rangs serrés, Baptiste marche avec ses collègues, l'air résolu dans son gilet bleu. Jusqu'au 30 juin dernier, il travaillait comme assistant social au Samu dans un centre d'hébergement pour femmes isolées. Puis, plus rien. « La fermeture a fait des dégâts, les femmes se sont, pour la plupart, ont retrouvées à la rue, résignées, explique-t-il, choqué. On a toujours été sur la corde raide, mais là ça a été une vraie surprise, on s'est pris le cynisme de l'État de plein fouet. »

Flora Beilloin et Christelle Pire

(source l'Humaité)

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