> Presse —On ne prête qu'aux riches ! |
Mercredi 3 Août 2011:
Éditorial On ne prête qu'aux riches ! Par Bernard Duraud Obama s'offre un répit. Le défaut de paiement des États-Unis est évité. En annonçant l'accord des dirigeants des Partis républicain et démocrate, avant la sanction des deux Assemblées du Congrès, il avait poussé cet étrange ouf de soulagement : « Je veux plus que tout remercier le peuple américain, ce sont vos voix qui ont poussé Washington à bouger ces derniers jours. » Washington a bougé si l'on veut, les deux partis se sont entendus pour relever le plafond d'une dette déjà énorme. Mais il faut bien le dire, l'accord, dont la contrepartie est une baisse de 2400 milliards de dollars des dépenses publiques sur dix ans, au détriment des programmes sociaux, suscite la mauvaise humeur. Les démocrates, dont les chefs de file ont laissé filer, ne sont pas les opposants d'un compromis qui satisfait surtout les républicains et les ultralibéraux. La bataille que ces derniers viennent de livrer augure d'un horizon délicat pour Obama, sa réélection en 2012 n'est pas assurée. Il y a deux ans, lors de l'effondrement économique, la survie du système financier américain s'est réalisée grâce à l'injection massive de fonds publics. Mais l'économie réelle attend toujours l'arrivée d'une véritable politique de relance. Au contraire, entre 2007 et 2011, plus de 14 millions de familles américaines ont perdu leurs foyers, près de 25 millions sont au chômage ou en situation de précarité. Désormais, tous craignent le pire, et le disent parfois avec cynisme, comme le directeur général de Pimco (géant de l'investissement obligataire) : « Le chômage sera donc plus élevé qu'il ne l'aurait été autrement, la croissance plus faible qu'elle ne l'aurait été autrement et l'inégalité pire qu'elle ne l'aurait été autrement. » Les États-Unis vont maintenir un niveau d'endettement, après avoir crevé le plafond, supérieur à 16 000 milliards de dollars, soit plus de dix fois l'ensemble du total de la dette extérieure publique des pays en développement envers qui le FMI et la Banque mondiale sont nettement moins indulgents. C'est possible car on ne prête qu'aux riches. Toute la planète, Chine et Japon en tête, prête de l'argent aux États-Unis. Elle remet des dollars aux Américains contre des titres de papier, leur permettant de financer leurs déficits, et accessoirement de rembourser avec une monnaie dévaluée, et de continuer ainsi à engranger les profits. La Chine, l'un des principaux créanciers de Washington, s'inquiète à juste titre des « graves conséquences sur la stabilité de la croissance économique mondiale » qu'implique le compromis américain, alors que l'on constate un ralentissement de l'activité mondiale et une austérité généralisée dans les pays occidentaux comme en Europe. Cette situation, dont les peuples sont exclus, impose d'autres choix et de battre en brèche l'hégémonie américaine. Réforme des institutions financières internationales, création d'une monnaie commune de coopération à l'échelle de la planète... Autant de pistes pour sortir de la spirale infernale de l'endettement. (source l'Humanité)
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