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Samedi 30 Juillet 2011:
Éditorial Guerres tous azimuts Par Michel Guilloux Comparer Sarkozy, lui qui alla prêter allégeance à George Bush, à Barack Obama et le PS au Tea Party, cette droite de la droite du Parti républicain, il fallait oser. Eh bien, Laurent Wauquiez s'y est autorisé hier matin sur France Inter. Il est vrai que l'ancien secrétaire d'État à l'Emploi puis aux Affaires européennes n'avaient pas de quoi pavoiser, au lendemain de l'annonce de chiffres, pourtant officiels, du chômage calamiteux et en pleine crise de l'euro. Mais en ce domaine, l'exemple vient d'en haut. À dix mois des élections présidentielle et législatives, voilà un type d'argument qui vient ajouter au doute que l'on peut émettre sur la qualité du débat démocratique, déjà si rabaissé, dans la période à venir. Et qui ne peut qu'inciter celles et ceux qui veulent à la fois chasser des allées du pouvoir cette droite aux ordres du Medef et des marchés financiers, et rouvrir la porte de l'espoir et d'un véritable changement, à retrousser leurs manches et engager une campagne véritablement populaire parce que de terrain. L'exemple vient d'en haut ? On peut en retenir une date fondatrice avec ce vendredi 30 juillet 2010. Avec le recul, la « déclaration de guerre aux voyous » derrière laquelle avançait le chef de l'État, en ciblant les jeunes mineurs, en stigmatisant les Français issus de la troisième génération de travailleurs immigrés, en confondant sciemment Roms et gens du voyage, en pourfendant la politique de la ville, est un véritable discours programme pour une campagne électorale aussi ouverte. Discours de division et discours de guerre sociale, les semaines qui suivirent, les mois écoulés et chaque jour qui passe, le confirment. Nous n'évoquerons guère le chapitre « sécurité », de celui qui fut « premier flic de France » des années durant et président bientôt depuis cinq ans, le bilan se passe de commentaire. L'UMP au pouvoir, cette annexe du Medef de Laurence P., est lancée dans une fuite en avant pour, selon la méthode éprouvée de l'hôte de l'Élysée, transformer chaque échec de ses promesses, chaque conséquence néfaste en fait de ses choix politiques et économiques, en point d'appui pour le mauvais coup suivant La crise financière a servi de levier pour attaquer les retraites. La crise de l'euro, qui en est la conséquence par l'utilisation des finances publiques pour renflouer la machine à spéculation via les dettes nationales, en est un second épisode. La « règle d'or budgétaire » dont la droite se gargarise ces jours-ci n'est ni plus ni moins, pour ces adorateurs du veau d'or du tout-financier, qu'une austérité sans précédent qu'ils entendent imposer à un pays, dont toutes les générations payent au prix fort le prix de sa politique. Les sacrifices qu'impliquerait cette règle dictée par les forces du marché et des actionnaires privés marqueraient du sceau de la régression sociale les années à venir. On comprend que la violence et la division, qui n'excluent pas la guerre militaire, comme en Afghanistan et en Libye, sans oublier la Côte d'Ivoire, soient les meilleures armes d'une droite ultraréactionnaire et prête à tout, y compris à la terre brûlée. La promotion d'un Borloo d'un côté, d'une Droite populaire – vrai pendant français des Tea Party – de l'autre, tout en jouant du Front national pour tirer l'ensemble du débat politique vers la droite la plus extrême, dessine le paysage inquiétant sur lequel spécule le candidat à sa réélection. Mais, comme l'a montré la formidable mise en mouvement populaire sur les retraites, rien n'est écrit d'avance. Surtout si le peuple s'en mêle. (source l'Humanité)
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