> Presse  Bolbec : Cooper, ainsi soit-il

 

Lundi 25 Juillet 2011:

 

Cooper, ainsi soit-il

Bolbec. Les salariés sont animés d'un profond dégoût à la veille de la fermeture définitive du site de Baclair. Témoignages.

Une petite blague par-ci, un éclat de rire par là. Autour d'un café, des jeunes salariés de Cooper se chambrent gentiment entre eux. « Vous savez, nous, on est jeunes, alors ça va. On se dit que c'est l'occasion d'aller voir ailleurs », confie Sébastien, 35 ans, et futur chômeur. « Oui, on rigole mais ça fait ch... On a tellement donné pour cette boîte. Il y a vraiment de quoi être écoeuré. » Cyril, 34 ans, a déjà un projet pour la suite, celui d'être chauffeur de taxi au Havre. « J'ai envie de faire ça depuis des années. Je vais suivre une formation pendant deux mois », explique-t-il, sans s'épancher davantage, sans doute par pudeur vis-à-vis de ses collègues à l'avenir si incertain. « Moi, un employeur m'a déjà dit que j'étais trop vieux. À 49 ans, c'est un peu fort, non ? Toutes ces lois sur les seniors, on peut se les mettre là où je pense », s'insurge Alain, délégué syndical Sud Chimie. « Et moi, j'ai envoyé une trentaine de courriers et à chaque fois, on m'a répondu que je ne correspondais pas aux attentes », se désole Thierry, 46 ans, père de deux enfants.

« Que je puisse donner à manger à mes enfants »

Dans la nuit de dimanche à lundi, l'activité cessera pour de bon sur le site de Baclair, laissant 316 salariés sur le bord de la route. Pour Sylvie, 44 ans, et Nathalie, 46 ans, cette journée de jeudi est celle des adieux. À 16 h, en effet, les portes de l'usine se refermant derrière elles pour toujours. « J'ai près de vingt-quatre ans d'ancienneté chez Cooper. Ça fait mal au coeur. Il faut très vite que je retravaille pour que je puisse donner à manger à mes deux enfants. Mais là, aujourd'hui, je ne sais pas du tout ce que je vais faire », confie Sylvie. « Moi non plus je ne sais pas trop vers quoi m'orienter, soupire Nathalie. Je vais faire un bilan de compétences, entamer tout un tas de démarches. Il ne faut surtout pas que je reste sans rien faire. Je vais peut-être me lancer dans le bénévolat, reprendre le sport ou encore chercher un fiancé. »

Les deux femmes s'en retournent, profitant d'un rayon de soleil pour se dégourdir les jambes. Pour tuer le temps, surtout. « On pointe à 5 h, on repointe à 13 h, et le reste du temps, on attend. On fait acte de présence, c'est tout », fulmine Sébastien. « Quand je pense que notre site était le plus performant du groupe en termes de qualité et de productivité. C'est nous qui faisions les fabrications de joints les plus complexes pour des véhicules haut de gamme. L'usine n'a que douze ans et voilà ce qu'on en fait aujourd'hui », maugrée Boris.

« Oui, là, on rigole, parce qu'on est encore ensemble », témoigne Pascal, délégué CGT. « Le contrecoup, c'est en septembre qu'on l'aura. Quand on mettra les gamins à l'école et que nous, on restera à la maison. »

F. M.

(source le havre libre)

  haut de page