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Mercredi 20 Juillet 2011:
L'inquiétude d'une mère Témoignage. Hier, un hommage était rendu aux soldats tués en Afghanistan. Valérie, une mère de famille havraise, vit dans l'attente de revoir son fils parti avec son régiment. Accrochés sur le mur du salon, une photo, des médailles, un fanion et un képi. Ce sont les quelques souvenirs qu' Allane, 23 ans, a laissés à sa mère avant de partir en Afghanistan. « J'ai essayé de l'en dissuader. J'aurais souhaité qu'il se rétracte, mais il n'a pas voulu », confie Valérie. Allane fait partie du 152e régiment des diables rouges basé à Colmar. Le jeune Havrais a incorporé cette unité de l'armée de terre il y a trois ans et demi. En 2008 déjà, le soldat était parti au Kosovo. « Il a pris un engagement de cinq ans », ajoute sa mère. « Je sais que notre fils vit dans un stress quotidien » Depuis son départ le 29 mai dernier, Valérie vit quotidiennement l'inquiétude d'une maman dont le fils est parti à la guerre. « Il y a encore quelque temps, je l'avais au téléphone tous les quinze jours. Il y avait une cabine téléphonique sur la base sur laquelle il se trouvait. Entendre sa voix, ça rassure. Mais les choses ont changé. Depuis une semaine, il ne peut plus me contacter. Il a changé de camp. Il n'y a ni Internet, ni téléphone. C'est peut-être lié aux événements récents qui se sont déroulés là-bas, je ne sais pas. Lorsqu'il me contacte, il n'a pas le droit de parler de ses missions. Il doit quitter l'Afghanistan le 17 décembre. » Depuis son affectation, Allane a perdu 5 kilos et doit supporter des températures allant jusqu'à 55 degrés. « Je sais qu'il vit dans un stress quotidien. Moi également. Je n'en dors plus. » La mère d'Allane ne sait pas exactement dans quelle partie du pays se trouve son fils, ce qui renforce son inquiétude. « Le temps me paraît très long. J'ai tellement hâte qu'il revienne ! » Valérie n'ose même plus regarder les informations à la télévision de peur d'avoir de mauvaises nouvelles. « Heureusement, nous sommes une grande famille très soudée. Le jour où il est parti, nous l'avons tous accompagné à la gare », confie Gilbert, l'oncle du soldat français. « Aujourd'hui, l'information circule vite, avec Internet notamment. Mais il se passe toujours du temps avant de connaître l'identité des victimes... À chaque fois, c'est l'angoisse de recevoir une mauvaise nouvelle du ministère de la Défense. On a l'impression que les talibans peuvent frapper n'importe où. Pourtant avec la mort de Ben Laden, on aurait pu croire que les choses allaient se calmer », ajoute-t-il. Valérie explique qu'à l'issue de sa mission, son fils séjournera à Chypre pendant une semaine dans le cadre d'un soutien psychologique apporté aux soldats. « Raphaël, le petit frère d'Allane qui est âgé de 9 ans, est suivi par un psy. Il est très proche de son frère aîné et depuis son départ, il est perturbé. À un moment, il a même arrêté de s'alimenter », souligne-t-elle. Devant sa télévision hier lors de la retransmission de l'hommage rendu aux sept soldats disparus récemment, Valérie écoute avec attention les mots prononcés par le président de la République. « Aujourd'hui, je pense surtout à mon fils. J'espère qu'il sera là pour Noël. » F. H. (source le havre libre)
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