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Samedi 16 Juillet 2011:
Ouvriers contre Goldman Sachs Face à la menace de la fermeture de leur usine, les salariés de Still Saxby, à Montataire (Oise), sont venus à Paris demander des comptes à un de leurs actionnaires, la fameuse bande mouillée dans la crise des subprimes. Le siège de Goldman Sachs dans le 17e arrondissement de Paris d'un côté, l'usine Still Saxby à Montataire, dans l'Oise, de l'autre, deux mondes qui, d'ordinaire, s'ignorent ou, à tout le moins, ne se côtoient pas... Sauf quand des ouvriers s'invitent chez les représentants de la fameuse banque américaine, rendue célèbre pour son rôle dans la crise des subprimes ! Mardi dernier, ils sont une centaine à avoir fait le déplacement pour protester contre l'annonce, le 5 juillet, de la fermeture de leur usine. Ils sont là car, depuis 2006, le groupe dont ils font partie, l'Allemand Kion, deuxième producteur mondial de chariots élévateurs, appartient au fonds d'investissement KKR et à Goldman Sachs. Sous les drapeaux aux couleurs de la CGT et de FO, l'ambiance est combative, les salariés sont là pour interpeller ceux qui, avec leur appétit financier, risquent de causer leur malheur... « Nous ne sommes pas là pour casser, nous voulons juste nous faire entendre et dénoncer l'injustice », avance Jean-Michel Mlynarczyk, secrétaire CGT du comité d'entreprise (CE). « Ils prétendaient ne même pas savoir qui nous étions, mais ils ont été touchés », déclare Freddy Demarseille, délégué FO, à la sortie de l'entrevue avec la direction. « J'étais mal à l'aise dedans, ça pue le fric, il y a même des vases Ming », ajoute-t-il. Le 5 juillet dernier, quand le directeur financier du groupe Kion est venu à Montataire pour annoncer la fermeture du site et la délocalisation de la production à Luzzara, en Italie, les salariés ont reçu un coup de massue sur la tête. 257 emplois sont directement touchés, et de nombreux autres chez les sous-traitants. « On a 4 500 commandes, on fait des semaines de quarante et une heures et on a une bonne productivité, assure Jean-Michel Mlynarczyk, trente-cinq ans d'ancienneté dans l'entreprise. Et on est la seule société de Kion à dégager des bénéfices ! » La stratégie financière prend, craignent les syndicalistes, le dessus sur les exigences de production. « Ils veulent baisser les coûts de production pour entrer en Bourse », explique le cégétiste. « Il y a eu une fusion entre Still et OM Pimespo (entreprise italienne à Luzzara – NDLR), et ils ferment notre site pour ne pas frustrer les Italiens », affirme Jean-Marc Couache, représentant au CE européen. De son côté, la direction de Kion met en avant des « surcapacités ». « Les capacités de production de Kion en Europe dépassent de loin la demande locale », explique-t-elle. Les salariés sont décidés à se battre jusqu'au bout pour conserver leur emploi. Si la direction promet des reclassements, notamment à Châtellerault (Vienne), tous ne sont pas prêts à partir, loin de là. « Je n'accepterai pas de déménager, même à Châtellerault, gronde Alexia, assistante d'exportation. J'ai ma famille et mes amis dans la région. Et mon mari perdrait son poste en partant. » Au-delà du sort des 185 salariés et 71 intérimaires, cette fermeture plomberait un peu plus le paysage d'un bassin industriel particulièrement sinistré. Depuis 2007, Montataire a subi une hausse du chômage de 44 %. Des salariés et toute une population une nouvelle fois victimes de la logique et des stratégies des groupes financiers. Pierre Bascugnana et Pierre Westelynck (source l'Humanité)
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