Vendredi 15 Juillet 2011:
« Effective, pas suffisante »
Politique. Le sénateur Charles Revet (UMP) estime que la réforme portuaire ne permettra pas de redresser la barre.
La réforme portuaire, adoptée en juillet 2008 et mise en oeuvre depuis deux mois et demi, finira-t-elle par porter ses fruits ? À l'origine, ce projet qui consiste, d'une part, à recentrer les Grands ports maritimes (Rouen et Le Havre pour la Normandie) sur leurs missions régaliennes, et, d'autre part, à détacher le personnel de conduite dans les entreprises privées, avait pour ambition de rendre les places françaises plus compétitives.
Stratégie et fiabilité
Qu'en est-il aujourd'hui ? Le port de Rouen, grâce aux céréales principalement, tire bien son épingle du jeu et a même réalisé un exercice record en 2010. Son de cloche différent au Havre où les trafics peinent à retrouver de leur vitalité en dépit des efforts commerciaux. Le premier semestre 2011 est marqué par un recul de plus de 11 %.
« La réforme portuaire est effective, mais elle ne suffira pas à enrayer le déclin de nos grands ports maritimes ». C'est le constat dressé par Charles Revet, sénateur UMP de Seine-Maritime et président du groupe de travail sur la réforme. Ce groupe de sept sénateurs vient de publier son rapport. Et les conclusions sont sans appel : nos ports perdent du terrain. « Le tonnage total du port de Rotterdam, explique le rapport, représente presque le double de l'ensemble des ports français réunis et l'attractivité du port d'Anvers a fait de lui, aux yeux de nombreux acteurs économiques, le premier port français pour le nombre de conteneurs à destination de l'hexagone ».
Selon Charles Revet, les raisons de cette situation sont multiples. Il pointe notamment « la faiblesse de l'État stratège », mais aussi « le manque de fiabilité des ports » et une concurrence faussée sur laquelle enquêterait aujourd'hui la Commission européenne.
« Erreur historique »
Le rapport trace aussi des pistes pour redresser la barre. Quinze propositions sont dévoilées. Certaines visent directement à corriger des écueils dans le port du Havre en particulier, où il reste des efforts à engager pour développer le fluvial par exemple. « Port 2000 a été inauguré sans même avoir été raccordé directement aux réseaux de transports ferroviaires et fluviaux. Il ne faut pas répéter cette erreur historique », souligne Charles Revet. Selon son rapport, si la France traitait deux fois plus de conteneurs qu'aujourd'hui – c'est l'ambition du Havre, leader national dans ce domaine - « trente mille emplois seraient créés ».
ST. S.
(source le havre libre)