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Samedi 9 Juillet 2011:

La sous-traitance, un enjeu financier pour les hôpitaux

De plus en plus de pressions sont exercées sur les médecins des départements d'information médicale qui réalisent les codages.

La mise en place de la tarification à l'activité (T2A) impose aux établissements de santé le soin de coder informatiquement chaque acte médical, auquel est associé un tarif versé par l'assurance maladie. Pour faire court : plus l'information médicale est précise et complète, plus la recette allouée a des chances d'être

importante ! Ce codage, jusqu'à présent réalisé par les départements d'information médicale (DIM), est petit à petit en train d'échapper aux établissements publics. De plus en plus d'hôpitaux, soumis à des impératifs de retour à l'équilibre drastiques et de rentabilité, font en effet appel à des prestataires extérieurs, alléchés par leurs propositions de « performance » ou encore d'« amélioration des délais de facturation ».

Une tendance confirmée par Thierry (1), médecin responsable du département d'information médicale d'un grand CHU français. La direction de son établissement à « fait réaliser un audit du codage dans l'espoir de gagner des ressources complémentaires ». « Ces entreprises privées proposent leurs services avec la promesse de faire gagner des millions à l'hôpital. Et comme elles se payent au pourcentage des gains réalisés, ça ne coûte rien à l'hôpital », explique ce praticien, très mal à l'aise avec ces nouvelles pratiques. « D'une part, cela sous-entend que les médecins signalent mal l'information. Et d'autre part, cela pose un problème de confidentialité. Nous, médecins, sommes les garants du secret médical. Or là on est forcés de rompre cet engagement, vu qu'il faut livrer les données médicales du patient pour coder. »

Pour l'instant, le DIM géré par Thierry est « seulement » audité par une société privée. Un moindre mal, en quelque sorte, au regard d'établissements comme Melun, où le même service a, là, été carrément sous-traité au privé. Pour ce médecin, situé entre le « marteau médical » et l'« enclume administrative », c'est un « virage ».

A. C.

(1) Le prénom a été modifié.

(source l'Humanité)

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