> Presse —Offensive antisociale |
Mercredi 6 Juillet 2011:
Éditorial Offensive antisociale Par Maurice Ulrich Pour être connue, la tactique n'en est pas moins indigne. Le gouvernement et l'UMP ont choisi le début des vacances pour lancer une nouvelle offensive antisociale d'envergure : faire passer l'allongement de la durée de cotisation pour les retraites et préparer une remise en cause de la durée légale du travail. Côté retraites, c'est Xavier Bertrand qui est à la manoeuvre. Sept ou huit mois après la grande bataille de l'automne, et alors même que la réforme était rejetée par une majorité de Français, il remet le couvert et ressert les mêmes arguments. Ce ne serait, dit le ministre du Travail, que l'application de la loi de 2003, mais qu'il lui faut justifier en semblant manier l'évidence, à savoir que si l'on vit plus longtemps, « il est logique que l'on travaille un peu plus longtemps ». Pour faire bonne mesure, il donne dans le chantage, en affirmant préférer « être en France et conduire les réformes nous-mêmes plutôt qu'un jour être comme la Grèce et se faire imposer les réformes par l'extérieur ». Sans abus de langage, c'est une logique de collaboration. Les marchés financiers le demandent, allons au-devant de leurs exigences. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, et il en va de même pour le second front ouvert par la droite sur la durée légale du travail. Là, c'est Hervé Novelli, le numéro 2 de l'UMP, qui pilote ce qui serait une « révolution ». « Les entreprises auront trois ans à compter de 2012, si nous sommes élus, pour négocier la durée du travail qui leur conviendra. » On peut espérer d'emblée que ces propos inspirent les bulletins de vote, car ce n'est pas une révolution mais bien au contraire la restauration du bon-vouloir patronal, le règne du libéralisme pur et dur, d'autant plus violent qu'il s'appliquerait aux salariés les moins protégés, les femmes, les jeunes, les moins organisés pour résister et négocier. Le gouvernement et l'UMP sont entrés dans une nouvelle phase, active et brutale, de destruction du modèle social français et de ses acquis, contre les syndicats, avec l'approbation du Medef. Ce n'est pas travailler plus pour gagner plus. C'est travailler plus pour que la machine à profits gagne plus. C'est araser tous les obstacles à l'exploitation toujours plus dure du travail salarié, laisser le champ libre au capital. Ce n'est pas spécifique à la France. C'est bien ce que le pacte pour l'euro de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel entend imposer dans toute l'Europe. Il s'agit de réduire les conquêtes sociales aussi bien que les services publics ou tout ce qui relève des solidarités nationales, retraites, santé, et de soumettre les économies aux marchés. La droite, le gouvernement savent très bien qu'il suffirait, pour assurer les retraites, de taxer un tant soit peu les revenus du capital. Ils ne sont pas là pour ça, ils sont là pour faire le contraire. Pour Hervé Novelli, ces propositions seraient une contribution à l'élaboration du programme du candidat pour 2012. Mais le programme existe déjà. La seule question qui vaille, c'est comment le combattre. Immédiatement, dans l'action, en le faisant connaître et en faisant connaître les propositions que toute la gauche devrait avoir à coeur d'élaborer, dans le débat et la confrontation. Ensuite en se donnant les moyens de gagner en 2012, avec des objectifs clairs de transformation et avec la conscience tout aussi claire qu'un deuxième quinquennat de Nicolas Sarkozy serait une catastrophe. (source l'Humanité)
|