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Dimanche 26 Juin 2011:

 

Élève et handicapé à Paris ?

Silence, on ferme...

Malgré les besoins et de bons résultats, le rectorat supprimera une classe spécialisée du 18e en septembre.

Il y a les promesses lointaines de Nicolas Sarkozy. Et la réalité quotidienne de sa politique. Alors que le chef de l'État a proposé mardi un hypothétique arrêt de suppressions de classes pour la rentrée 2012, les parents d'élèves, dans les écoles, continuent de constater les dégâts bien réels des 1500 fermetures décidées pour la rentrée 2011. Dernier exemple en date à Paris. À l'école Guadeloupe, dans le 18e arrondissement, une des trois classes d'inclusion scolaire (Clis) réservées à l'accueil des enfants handicapés est vouée à la fermeture en septembre prochain.

Révélée en mars, cette décision provoque l'incompréhension des parents et enseignants. Il faut dire que l'école Guadeloupe, située en zone d'éducation prioritaire, est considéré comme un pôle d'excellence dans le domaine de l'intégration des élèves handicapés. « C'est la seule en France qui possède trois Clis4 (enfants handicapés moteur ou dyspraxiques – NDR), souligne Pierre dont le fils y est scolarisé depuis trois ans. On y trouve une émulation entre enseignants spécialisés qui travaillent en équipes et ne sont pas isolés dans

l'établissement. »

Depuis dix ans, la ville a également financé 250 000 euros de travaux qui permettent aujourd'hui aux élèves de bénéficier, sur place, de soins en kinésithérapie, orthophonie, psychomotricité... Un investissement qui produit des résultats. « Ce savoir-faire unique facilite grandement l'intégration des élèves handicapés dans les classes ordinaires », constate Valérie Quiblier, enseignante à Guadeloupe. En 2010, sur quatorze élèves handicapés de dix ans et plus, treize ont pu être orientés en sixième.

Avec sa décision de fermeture, le rectorat met en péril ce succès. Avec, pour première conséquence, un bond des effectifs. En septembre, il y aura douze élèves handicapés pour deux classes au lieu de huit pour trois.

« Cela n'a rien d'anodin, assure Valérie Quiblier. Les élèves handicapés ont des besoins tous très différents et requièrent une grande attention des enseignants spécialisés. Quatre de plus dans une classe, c'est énorme. Cette Clis en moins va forcément dégrader le difficile équilibre qu'on a réussi à créer. »

Le rectorat se défend en expliquant que cette fermeture est compensée par l'ouverture d'une autre Clis à l'école Lancry dans le 10e arrondissement voisin, censée mieux coller géographiquement aux besoins des parents.

« C'est faux, rétorque Pierre. Les quatre élèves qui y sont inscrits jusqu'ici sont plus près de notre école que de Lacry. » Vendredi dernier, Ian Brossa, président du groupe PCF-PG au Conseil de Paris, a alerté le ministre Luc Chatel sur ce gâchis. « Créer une Clis dans le 10e arrondissement est sûrement nécessaire, souligne l'élu. Mais cela ne peut se faire au détriment des élèves handicapés de l'école Guadeloupe. »

Laurent Mouloud

(source l'Humanité du Jeudi 23)

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