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Mardi 21 Juin 2011:

Quand le journalisme se fait propagande... ça craint

Le ton n'était pas toujours bienveillant, dans les commentaires de presse qui ont « salué » le choix, ce week-end, par les militants communistes, du candidat qui représentera les couleurs du Front de gauche à la présidentielle. Comme à chaque événement « historique » pour le Parti communiste, il est toujours maints commentateurs pour y voir non un signe de vitalité mais l'indice précurseur de sa mort annoncée. Comme les médecins qui se disputent sur l'agonie supposée du malade imaginaire chez Molière. Que la consultation des communistes ait mobilisé, après cinq mois de débat, près de 50 000 adhérents – ce qu'aucun autre parti n'a réalisé jusqu'à maintenant en vue de la prochaine échéance présidentielle – ne donne pas le moindre scrupule à Hervé Gattegno. Et le rédacteur en chef du Point d'asséner sans honte sur RMC : « Ce ne sont pas les communistes qui l'ont investi (Jean-Luc Mélenchon – NDLR) mais c'est lui qui a investi le PC. » On comprend mieux, en lisant la conclusion, ce qui guide toute la « démonstration » du rédacteur : « Le mot communisme va peu à peu disparaître de notre vocabulaire politique », prophétise avec gourmandise le chroniqueur. CQFD.

Cela fait vingt ans que le communisme est déclaré mort en France. Mais force est de constater que le PCF et ses militants ont la peau plus dure que prévu. Pourtant, élection après élection, cela n'empêche pas toujours les mêmes de répéter leurs oraisons funèbres avec une égale assurance. Jusqu'à pousser le bouchon jusqu'au grotesque. Un exemple, piocher dans Marianne 2 : où l'on découvre que l'investiture de Jean-Luc Mélenchon n'est pas le fruit d'un vote souverain des communistes. Non, non : en fait, « un social-démocrate de vieille engeance s'est imposé (sic) à l'appareil du Colonel-Fabien (…) parce que le PCF, à ce point affaibli, n'a même pas été en mesure de résister à cette tentative (réussie) de rapt politico-idéologique ». Plus de 70 % de participant à une consultation démocratique, près de 60 % en faveur d'un candidat parmi trois propositions dans un choix libre sur un bulletin : c'est un rapt, pour Marianne 2. Et Yannick Falt, hier, sur France Info, d'en rajouter une louche : « Le PC est aujourd'hui un nonagénaire usé, vieilli, fatigué. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. » Les chiffres, en effet – ceux qu'on vient de citer – parlent d'eux-mêmes...

Vous avez dit journalisme ?

Sébastien Crépel

(source l'Humanité)

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