> Presse —Les Grecs restent déterminés en dépit des pressions |
Mardi 21 Juin 2011:
Les Grecs restent déterminés en dépit des pressions Le nouveau plan d'austérité impliquant 28,5 milliards d'économies par des baisses de salaires, des privatisations et la hausse des taxes est toujours aussi fortement rejeté par la population. Athènes, envoyé spécial. Vangelos Venizélos, numéro deux de la majorité socialiste, propulsé au poste de ministre des Finances à la suite du remaniement du 17 juin, a cru devoir déclarer hier que « le mémorandum est en négociations continue ». Comme si, face à la pression des partis de gauche, des bases syndicales, et de la rue, il fallait diffuser l'idée que le gouvernement a une certaine marge de manoeuvre. Et qu'il peut encore faire évoluer le nouveau plan d'austérité, imposé par la troïka (Banque centrale européenne, Commission, FMI). Le ministre des Finances se dit même « confiant dans l'adoption de ce plan au Parlement », où la majorité socialiste est de 155 sièges sur 300, lors du vote prévu le 28 juin. Dans la capitale il semble que plus personne ne croie au Messie, et que les propos de Venizélos ne soient pas parole d'évangile. « J'espère que nous aurons une révolution ! Nous n'avons pas d'argent, le système éducatif est détruit, celui de santé aussi », lance Stéphane, un étudiant de vingt ans. Lui participe tous les jours au mouvement des Indignés. « Le gouvernement a changé mais, on le voit, c'est toujours la même politique », souligne-t-il. Et d'ajouter : « de toute façon, c'est la troïka qui décide pour nous ». Une « mission technique », composée d'inspecteurs de l'UE et du FMI arrivera, d'ailleurs, dans les quarante-huit heures à Athènes alors que l'opposition aux orientations choisies en haut lieu croit, jusque dans les rangs du Pasok, au pouvoir. À titre d'exemple, deux députés socialistes ont démissionné la semaine dernière. Dans une lettre envoyée au premier ministre, que l'Humanité s'est procurée, l'un d'eux, l'ancien ministre Georges Floridis, explique : « Le gouvernement, depuis février, a fait des choix négatifs dans le domaine de l'économie et de l'État, a fait preuve d'incapacité stratégique, a adopté des mesures déséquilibrées dans la répartition des charges ; cette forte incapacité a eu comme résultat un épuisement réformateur. » Antonis Samaras, dirigeant de Nouvelle Démocratie (ND, droite) a pris dimanche la parole au Parlement pour indiquer que son parti « ne donnerait pas un vote de confiance au gouvernement socialiste car M. Papandréou insiste sur une politique qui ne résout pas les problèmes mais qui les aggrave ». « De toute façon, ND mènera la même politique si ce parti arrive au pouvoir », précisent Makis, trente-cinq ans, chômeur, qui campe parmi les Indignés. « Ce qu'il faut, c'est un changement de fond. Pas un remaniement, pas un référendum qui déplacera le problème », poursuit-il. Le premier ministre, Georges Papandréou, vient en effet d'en annoncer un pour l'automne, histoire de gagner du temps. Face à l'urgence de la crise économique et sociale, cette déclaration n'est considérée que comme une « stratégie politicienne ». Au sein de la Vouli, le KKE et Syrisa maintiennent donc leur demande d'élections anticipées. Mais la gauche, divisée, saura-t-elle apporter une réponse commune au ras-le-bol populaire ? Fabien Perrier (source l'Humanité)
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