> Presse —Les médecins étrangers veulent un statut officiel |
Vendredi 17 Juin 2011:
Les médecins étrangers veulent un statut officiel Ils sont les rouages de l'hôpital qui ne pourrait fonctionner sans eux. Des praticiens à diplôme étranger ont manifesté hier pour demander à être reconnus. Ils sont médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, etc. Ils soignent, délivrent des médicaments, opèrent, pratiquent des accouchements dans les hôpitaux publics quotidiennement, et partout en France. Sauf qu'ils n'ont pas le même statut que leurs pairs français. D'ici à la fin de l'année, les médecins à diplôme étranger risquent de se retrouver au chômage, faute d'avoir vu leurs diplômes régularisés, comme l'exige la loi Bachelot. Une centaine d'entre eux sont venus crier leur colère, hier, sous les fenêtres du ministère de la Santé à l'appel du Syndicat national des praticiens à diplôme hors Union européenne (SNPADHUE), scandant : « Marre de la galère et des statuts précaires ». Environ 6700 médecins de nationalité étrangère (hors Union européenne) exercent actuellement en France. En théorie, leurs diplômes ne bénéficient pas d'équivalence en France mais, dans la pratique, ils exercent et sont reconnus par la profession. Or, à compter du 31 décembre 2011, ils devront obligatoirement passer un concours pour travailler en France, même s'ils détiennent un diplôme de leur pays d'origine. Près de 4000 d'entre eux se retrouvent donc aujourd'hui sur la sellette. C'est le cas de Latifa (*). Diabétologue, cette jeune Algérienne est arrivée en France en 2006. Depuis, elle travaille en diabétologie dans un hôpital public, dans le Nord-Pas-de-Calais. « Passer un concours pour tout régulariser, en soi, pourquoi pas ? Le problème, c'est que le nombre de postes offerts est dérisoire. En diabétologie, il n'y a pas eu de concours ouvert depuis 2005 », s'inquiète-t-elle. « Cette histoire de concours, c'est pervers. Cette année, il y avait 160 postes ouverts pour plusieurs milliers de candidats », renchérit Antoun Souhaid, membre fondateur de l'association des médecins à diplôme étranger. « Tout est fait pour qu'on garde ce statut d'esclave moderne. C'est inadmissible dans un pays comme la France. » En effet, ces médecins sont payés à moitié prix. « Moi je touche 2000 euros net, quand mes collègues français qui y ont le statut de praticiens hospitalier, gagnent 4000 euros », témoigne Latifa, qui a « la chance » d'avoir un poste de médecin attaché. Abdel (*), lui, en sa qualité de FFI faisant fonction d'interne ), est payé 1250 euros. Il a pourtant un diplôme de médecin urgentiste à bac + 10 ! « Pour arrondir mes fins de mois, je fais en moyenne 280 heures de gardes par mois et j'arrive à 2100 euros », poursuit le jeune médecin, qui exerce à Annemasse, en Rhône-Alpes. « Au niveau du ministère, on nous considère comme des bouche-trous, on n'est jamais sûr de trouver un poste, on n'a pas d'avenir », résume Najette (*), elle aussi algérienne et diabétologue. Pour le Syndicat des médecins à diplôme étranger, il existe pourtant des solutions, comme « proposer trois ans d'engagement dans les déserts médicaux », indique Antoun Sonuhaid. Qui s'interroge quand même : « Est-ce qu'il n'y a pas une volonté de supprimer des postes de médecins pour mieux fermer des services ? » Alexandra Chaignon (*) Les prénoms ont été modifiés. (source l'Humanité)
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