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Mardi 14 Juin 2011:
Éditorial Les assistés ne sont pas ceux que l'on croit Par Paule Masson Commençons par rétablir une vérité simple. Une personne seule, sans emploi, bénéficiaire du RSA, perçoit 467 euros par mois. Cette somme, modique, lui laisse environ 15 euros par jour pour vivre, payer son loyer, se déplacer... C'est pourtant déjà trop aux yeux de la bienséance libérale, en campagne contre le chômeur « assisté ». Philippe Varin, lui, émarge selon la CGT, à « 9000 euros par jour ». Cette coquette somme fait du patron de PSA un entrepreneur méritant, récompensé des « risques » qu'il prend pour élaborer en cachette un plan secret qui conduit à la fermeture de deux usines en France. La situation est totalement indécente. Elle l'est d'autant plus que PSA, comme beaucoup de champions du CAC 40, vit sous assistance des deniers publics. Au nom de quoi, il faudrait considérer comme normal d'accorder une aide de 3 milliards d'euros au constructeur automobile quand la crise vient faucher son carnet de commandes, et aberrant de porter assistance au salarié qui perd son emploi. L'assurance-chômage a précisément été créée pour continuer de subvenir à ses besoins quand un coup dur arrive. Elle n'est pas parfaite, mais repose sur une idée généreuse, celle d'une société solidaire, où la force du collectif permet à chacun d'avoir les moyens de relever la tête. Le fardeau pour les finances publiques, ce n'est ni le chômeur qui touche le RSA, ni le malade dont les soins sont remboursés à 100% par la Sécu, ni le retraité qui a bossé toute sa vie pour pouvoir vieillir en paix... Le boulet du déficit public est plutôt à chercher du côté des « assistés patronaux ». Les seules exonérations de cotisations patronales représentent un trou de plus de 21 milliards d'euros dans les caisses de l'État en 2011. Prévert aurait pu écrire un poème avec l'inventaire des aides financières accordées aux entreprises. Mais il aurait peiné à coucher sur le papier la somme des contreparties exigées en échange, en termes d'emploi, d'investissement, de recherche ou de salaire... Les patrons du CAC 40 ont finalement beaucoup de droits. Et peu de devoirs. Les chômeurs, les petites gens, eux, n'auront bientôt plus que des devoirs... Or le droit a été inventé pour protéger les plus faibles de la domination des puissants. Quand l'UMP lance une campagne sur « les droits et les devoirs », la droite lance la roue à contre-courant de la démocratie. (source l'Humanité)
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