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Lundi 13 Juin 2011:

 

Victoire pour les petits-enfants du Distilbène

En acceptant, hier, d'indemniser le petit-fils d'une patiente, la justice confirme le lien entre la prise de ce médicament et des handicaps ayant touché la troisième génération.

Première victoire dans la longue histoire des « procédures Distilbène », commencée en 1991. Louis, petit-fils d'une femme ayant pris cette hormone de synthèse en 1958, a obtenu hier de la cour d'appel de Versailles qu'elle reconnaisse l'imputabilité de son handicap au médicament. Son fabricant, le laboratoire UCB Pharma, devra donc verser, tous préjudices confondus, 1,7 million d'euros au jeune homme et à sa famille. Né grand prématuré en 1990, ce dernier souffre de lourdes séquelles. Handicapé à 80 %, il ne sait ni lire ni compter, se déplace en fauteuil et fait l'objet d'une assistance permanente.

« La cour a considéré que l'exposition au Distilbène de la mère est responsable de l'accouchement très prématuré, qui lui-même explique de façon directe le handicap majeur dont souffre Louis », a expliqué son avocate, Me Martine Verdier, prenant acte de cette décision. Prescrit en France, de 1950 à 1977, aux femmes enceintes pour prévenir fausses couches, prématurité et hémorragies, le Distilbène avait déjà été identifié comme nocif, mais uniquement lorsque les enfants étaient exposés directement in utero.

Surnommées les « filles Distilbène », elles sont 80 000 a avoir fait ainsi les frais de l'hormone, victimes de cancers, de stérilité et de milliers de fausses couches. En 1977, UCB Pharma avait donc décidé de rendre publique sa contre-indication aux femmes enceintes en France. Mais aujourd'hui, ce sont leurs enfants qui trinquent – pour celles qui ont pu en avoir. « C'est la première fois qu'une cour d'appel statue sur un enfant adulte de la troisième génération », a souligné Nathalie Lafaye, responsable du Réseau DES France, qui regroupe des victimes du médicament, ajoutant que cette décision allait « encourager d'autres victimes à se lancer dans ce combat judiciaire courageux ».

L'avocat du laboratoire a, quant à lui, tenté de relativiser la portée de cette décision de justice. Précisant qu'il s'agissait de dossiers « extrêmement complexes où plusieurs facteurs » entrent en jeu et réfutant tout « effet transgénérationnel » systématique du médicament. Sur les quelque 170 procédures lancées par des victimes ces quinze dernières années, peu ont abouti faute de pouvoir fournir les ordonnances originelles.

Flora Beillouin

(source l'Humanité)

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