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Dimanche 12 Juin 2011:

Formation : Le bac reste-t-il incontournable ?

Luc Delaporte directeur des études ESITPA (*) Mont-Saint-Aignan.

« Un système efficace »

Le bac sanctionne-t-il vraiment un niveau scolaire ?

Luc Delaporte : « Le baccalauréat est un diplôme national qui permet de juger du niveau de l'étudiant. Il nécessite une préparation sérieuse. Il est un indicateur performant dans l'évaluation des compétences du bachelier, il  sert de référentiel. C'est la même épreuve pour tous. On peut donc déterminer le profil d'un élève grâce à lui. »

Recrutez-vous uniquement des bacheliers scientifiques ?

« Un ingénieur est d'abord un scientifique dans un large spectre de disciplines. Il assied ses compétences sur un bagage scientifique solide. Chaque année nous prenons quelques bacs technologiques d'excellence, ou économiques. »

Être bachelier, est-ce décisif dans votre politique de recrutement ?

« Nous avons des concours propres en phrase avec le calendrier de l'Éducation Nationale. Nous admettons les élèves avant même les résultats du bac, sous réserve, évidemment, de la validation de ce dernier. Le baccalauréat n'est pas à considérer comme un diplôme de fin du lycée mais plutôt comme le premier grade universitaire. »

Le taux de réussite au baccalauréat est plutôt élevé. Le risque de banalisation du diplôme existe-t-il ?

« D'abord, le taux de réussite est plutôt stagnant. Et qu'il soit plutôt élevé prouve l'efficacité du système éducatif puisqu'il permet de conduire à la réussite au baccalauréat. Je pense qu'il faut plutôt le considérer de cette manière. Dans les années 70-80, l'accompagnement des élèves était une priorité du gouvernement. Selon moi, le changement de perception du bac est à mettre en adéquation avec les orientations stratégiques au niveau européen, notamment dans le cadre du processus de Bologne. À ce titre la France s'est engagée dans une dynamique de développement de son économie basée sur la connaissance. Le corollaire de cet engagement est un allongement moyen de la durée des études. »

Avec toutes les opportunités de formations sans bac, pensez-vous qu'au train où vont les choses il sera bientôt possible de se passer du bac pour intégrer une école d'ingénieurs ?

« Non, sauf à entrer dans une école qui se dit supérieure mais qui ne soit pas reconnue, car il est tout à fait possible de réussir sans le bac. Cependant, des diplômes d'accès aux études universitaires (DAEU) existent pour ceux qui n'ont pas le bac et souhaitent suivre des études supérieures. Le bac est un diplôme nécessaire, un jalon pour rentrer dans l'enseignement supérieur. »

Vous avez déjà reçu un candidat présentant ce profil ?

« La situation ne s'est jamais présentée à ce jour à ma connaissance. »

(*)ESITPA : école d'ingénieurs en agriculture.


Julien Deschamps coordinateur des formations sociales DRJSCS (*)

« Le poids des compétences »

Le bac est-il un diplôme important ou une simple formalité ?

Julien Deschamps : « Le baccalauréat aujourd'hui comme hier n'est pas une simple formalité, c'est le titre qui va permettre l'accès à un certain nombre de formation de niveau supérieur. Sans être indispensable, ce diplôme demeure un facilitateur pour les suites de parcours. Il n'en demeure pas moins que le baccalauréat à lui seul ne constitue pas un facteur de recrutement et encore moins un facteur de négociation salariale. »

Est-il contournable ?

« Aucun diplôme n'est contournable dans le sens où il s'agit, pour tous les jeunes, d'obtenir un niveau de qualification minimal, pour pouvoir avoir davantage de chances d'accéder à l'emploi. Le niveau d'exigences des employeurs dans une société de surcroît touchée par la crise économique rend l'employabilité très sensible. Il serait donc illusoire de croire qu'il est plus aisé aujourd'hui d'accéder à l'emploi sans aucun titre ou diplôme, quel que soit le secteur d'activité envisagé. »

La DRJSCS propose une offre de formation pour les non-bacheliers. Sous quelles conditions ?

« La DRJSCS, sous réserve que les candidats aient rempli leurs obligations de formation auprès des organismes de la région habilités, délivre des diplômes d'État relevant du champ social, du champ sanitaire non médical et du champ de l'animation et du sport. Certains de ces diplômes peuvent également être obtenus par la voie de la validation des acquis de l'expérience.

Concernant les non-bacheliers souhaitant obtenir un diplôme relevant du secteur social, ils peuvent passer l'examen de niveau qui leur donne l'équivalence du baccalauréat et leur permet ainsi d'accéder à certaines fonctions sous réserve de leur sélection auprès de l'organisme de formation près duquel ils souhaitent s'inscrire.»

Avoir ce diplôme serait un plus pour ces non-bacheliers ou est-ce que cela ne change pas grand-chose ?

« Les diplômes délivrés par la DRJSCS requièrent d'avoir acquis un certain nombre de compétences, connaissances théoriques, acquis de savoir-être et de savoir-faire, répondant aux exigences des référentiels métiers. Ils démontrent les aptitudes des candidats à embrasser la profession pour laquelle ils se sont formés.

Dans ces conditions, la question n'est pas de savoir si le baccalauréat est un plus mais de juger, au-delà de la possession ou non de ce diplôme, si le candidat est apte à s'engager dans la profession pour laquelle il s'est formé. C'est sur ce critère principal que les employeurs décident de leur embauche. »

(*) DRJSCS : Direction Régionale de la jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale de Haute-Normandie.

Propos recueillis par la Sandra Calme

(source Havre Dimanche)

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