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Samedi 11 Juin 2011:

 

Le Figaro fait dans la haine de classe au service de l'UMP

Dans un article outrancier, le Figaro Magazine s'en prend aux « assistés » du RSA, forcément vautré dans leur canapé. Un procès à charge par une journaliste dont les revenus familiaux dépassent les 2 millions d'euros par an.

« On les surnomme parfois "les canapés". Dans le milieu de l'insertion professionnelle, on connaît bien ces demandeurs d'emploi qui ne demandent plus grand-chose, sinon rester chez eux devant la télévision. » Avec un ton suintant, aurait-on dit en d'autres temps, la haine de classe, l'hebdomadaire accompagne le débat lancé par l'UMP et met en musique une « enquête » (les guillemets s'imposent ici) étalée sur huit pages et dépeignant une France des « assistés ». On y croise tous les poncifs sur « la précarité choisie », « le travail qui n'est plus qu'un vieux souvenir », et des allocataires qui, forcément, disposent d'un « gros sofa face à un immense écran plat qui ronronne en permanence pour meubler la solitude ». Faire travailler gratuitement les allocataires du RSA : « L'idée Choc de Laurent Wauquiez a enthousiasmé l'opinion, lasse de déverser toujours plus d'argent dans le puits sans fond de la solitude nationale. » Pour grossir le trait, des contrevérités sont alignées : « On peut bénéficier d'un complément de RSA jusqu'à 2755 euros de revenus mensuels ! » est-il asséné. C'est faux, mais indémontrable : le RSA est un calcul complexe, entre revenus, aides et le nombre d'enfants.

« Les fraudeurs volent les Français »

L'auteure de l'article, Sophie Roquelle, s'est fait une spécialité des dénonciations dans la veine populiste. Il y eut récemment « Allocations logement, Sécurité sociale : la grande triche », ou encore un entretien avec Xavier Bertrand : « Les fraudeurs volent les Français ». Il y eut aussi une « Journée d'une contrôleuse de la Cnaf », brossant trois portraits de fraudeurs présumés au RSA, en les personnes de Samir, Arnaud vivant en concubinage avec François, ou de Francis le transsexuel. Hasard, sans doute. À chaque fois, le procédé consiste à extraire quelques témoignages censés illustrer une supposée pratique largement répandue. On y explique donc que « les dépenses sociales dans les départements accaparent souvent les deux tiers du fonctionnement ! », sans rappeler que c'est la droite qui a organisé ces transferts.

La réalité de la fraude est autre : ainsi, la branche familles récupère environ 90 % des montants fraudés par croisements desfichiers, pour rectifier erreurs ou omissions dans les déclarations de revenus ou de situation familiale. Surtout, est constamment minorée la fraude aux cotisations patronales, première cause du manque à gagner pour l'État. Il faut dire qu'au détour d'un paragraphe, un témoin vante le travail au noir dans la restauration, où « les bons jours on repart avec de grosses enveloppes de black ».

« Un boulet pour les finances publiques ! »

70 % des 30 à 50 milliards d'euros par an qui ne seraient pas perçus par l'État sont dus à la fraude fiscale. C'est pourtant à la fraude sociale que le gouvernement s'attache en priorité : moins pour des raisons financières, donc, que politiques. La chasse aux « assistés » adoucit la sensation d'accroissement de la pression fiscale sur les classes moyennes. Haro, donc, sur ces bénéficiaires du RSA et leur « canapé, toujours là, aussi nombreux qu'avant », soupire la journaliste du Figaro Magazine. Ils sont « un boulet pour les finances publiques ! » lance encore Sophie Roquelle, mariée – nous apprend le site Arrêt sur images – à un patron du CAC 40, Jean-François Cirelli. « Connaissant l'identité complète de la journaliste, écrit le site, il semble que l'on lira différemment son enquête.» Le vice président de GDF Suez, qui a vu son salaire, à l'heure de la fusion entre les deux entités – qu'il a supervisée – faire un bond de 180 % en 2008, émarge désormais publiquement pour ce poste à 2 millions d'euros par an. Soit, environ 300 années de RSA.

Lionel Venturini

(source l'Humanité)

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